Les trois transporteurs tactique ralentirent à l’approche de la ceinture d’astéroïdes d’Hydron, le capitaine s’adressa en holo-conférence à ses trois compagnies d’intervention ; Lieutenant écoutait attentivement les détails du plan de bataille, son mécontentement augmentait de seconde en seconde.
« Le Foudre mènera une attaque préventive sur le vecteur +214°/-27° par rapport à Hydron, il devra nettoyer les mines et chasseurs en utilisant des missiles à onde de choc électromagnétiques ; puis la troisième compagnie sera larguée sur l’objectif avec ordre de détruire les pièce d’artillerie mobile avec des grenades à fusion et des lance-roquettes personnels ; dès que les moyens d’intervention de l’ennemi seront concentrés sur la troisième compagnie, l’Indépendance et le Vindicatif aborderont le dock spatial situé à l’arrière de l’astéroïde et devront nettoyer l’intérieur de la base, dès que les première et seconde compagnies se seront rendues maîtres des centres névralgiques du complexe, des renforts seront envoyés pour supporter la troisième compagnie et pacifier la zone. Le minutage a été pré-établi par le logiciel tactique de vos armures de combat, téléchargez le.»
Griffon laissa le bénéfice du doute au milicien Capitaine, il avait tout prévu dans les moindres de détails, le minutage était sans faille ; son plan marcherait et la troisième compagnie serait annihilée juste à temps pour que les renforts anéantissent l’ennemi. Le Milicien Capitaine avait vraiment fait passer ses sentiments personnels dans la création de ce plan, l’ancien ne serait plus un problème à son autorité s’il mourrait au combat ; Lieutenant n’était pas en colère, la vie, la mort ; tout cela lui importait peu, tout comme la petite rancune tenace et futile de Capitaine à son encontre, ce qui le froissait était la possibilité que cela empêche la réalisation de la stratégie globale du Milicien Général ; c’était triste mais cela devait changer, Griffon intervînt sur le réseau de transmission.
« Mon Capitaine, il me semble plus judicieux d’assigner la troisième compagnie à l’attaque du complexe, sa première escouade a déjà eût affaire aux armements biologiques produits sur Hydron ; ce paramètre n’a pas été pris en compte. »
Le Capitaine resta silencieux comme un joueur mis en échec, puis avec toute la dignité et l’abnégation d’un Milicien il déclara.
« La première compagnie prendra la place de la troisième, je mènerai l’assaut initial. »
Griffon soupira d’aise, tout était pour le mieux, chacun avait sa place pour un résultat optimal ; il dégaina son propre couteau et le plaqua contre son cœur, il rendit hommage à celui qui allait mourir.
« Nous ne connaissons pas la peur ! »
Les hommes de toutes les compagnies saturèrent la fréquence de leur hurlement.
« NOUS VAINCRONS ! »
L’Indépendance était un vaisseau plus moderne et plus puissant que le Foudre, il bombarda très précisément les positions ennemies depuis la sûreté d’une position éloignée, puis ses propulseurs le projetèrent parmi les astéroïdes, fondant sur l’objectif au mépris des quelques tirs de riposte que les défenseurs affolés pouvaient bien déployer. Une pluie de scaphandres bleus jaillit des tripes du transporteur, leur jet packs les amenant au contact des tanks déployés au sol de l’astéroïde. Le tout fut ponctué d’incroyables explosions et de traits de feu arrachant des membres, emportant des vies. La guerre silencieuse et terrible, la mort étendait ses ailes sur l’astéroïde.
Lieutenant était arrimé dans la baie de largage, la compagnie n’avait d’yeux que pour lui, ils le suivraient où qu’il aille ; il chargea son lance flammes et tous les miliciens l’imitèrent en un seul geste, un seul écho lugubre. Le silence toujours, puis un choc violent, l’arrimage. Lieutenant se leva lentement, il fit face au sas qui s’ouvrait, crachant l’oxygène sous pression de la base terrienne, puis il murmura.
« Tuez les tous. »
Le géant en armure bleu pénétra le couloir d’arrivée, ses bottes de métal claquant sur le sol ; le soldat terrien eût à peine le temps de se retourner, lui lancer une injonction qui s’acheva dans un hurlement alors qu’il brûlait vif. Sur l’autre passerelle, les Miliciens de la deuxième compagnie avaient procédé eux aussi au débarquement, ils se déversèrent dans la base sans un mot, sans précipitation ; les lances flammes crachaient la mort, les grenades défensives explosaient, déchiquetant les malheureux sans protections ; puis Lieutenant s’arrêta, un Caporal s’affairait sur le système de survie de la base, y connectant une grosse bombonne, il finit et se retourna pour saluer.
« Gaz de combat injecté dans le système de ventilation mon Lieutenant.»
Lieutenant acquiesça en faisant claquer sa langue deux fois pour déclencher son micro, puis il mena son escouade personnelle vers le laboratoire central ; les portes blindées cédaient une à une face aux arcs à souder incorporées dans les Mark 3 miliciennes, les Rangers restant tentaient d’opposer une résistance organisée mais sans leurs armures de combat ils étaient aussi démunis que des nouveau nés.
Les tirs d’un rayonneur laser s’écrasèrent sur les parois blindées à quelques centimètres de Lieutenant, les Miliciens affairés sur la porte ne se retournèrent même pas, Griffon le fit, le Ranger portait l’arme lourde avec difficulté, il réarma son mécanisme pour tirer une seconde salve, Griffon tendit la main et une vague de chaleur déforma l’air, le Ranger s’écrasa dans un bruit écœurant contre la paroi ; broyé par le champ gravitationnel créée par le gant de Lieutenant.
La dernière porte céda, les scientifiques étaient rassemblés dans une sale immense équipée de tables de dissections, tout types de cadavres y gisaient ouverts; derrière une paroi en verre de sécurité des cuves de clonage abritaient les monstres de la nouvelle génération. Un scientifique hardi se leva et alla à la rencontre de Lieutenant.
« C’est un outrage aux conventions de Venus, vous n’avez pas le droit… »
Il se tut alors que derrière Lieutenant, le Milicien étendard empalait un scientifique sur sa lame de combat, le soulevant loin au dessus du sol avant de le projeter mort contre un mur ; ce furent les hurlements et la panique, le massacre systématique…Une femme arriva néanmoins à presser un énorme bouton rouge caché derrière une vitre brisée, en y tournant une clé avant de s’enflammer comme une torche, le sirènes d’alarme retentirent, l’éclairage tourna au rouge, les créatures s’agitèrent dans leurs prisons individuelles. Griffon pensa vite, Griffon pensa bien.
« Escouade, Grenades à Fusion ! »
Les cylindres volèrent avec tant de force que la pauvre vitre de protection fut réduite en morceaux, la terrible explosion ravagea tout sans endommager pourtant la section où se trouvaient les miliciens ; là Lieutenant tenait son bras tendu, son projecteur gravitationnel entretenant à plein régime un mur infranchissable et invisible entre son unité et l’apocalypse miniature qu’elle avait déclenchée.