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Rescue.

Départ plus quarante sept jours, deux heures et vingt quatre minutes ; Major repassait les détails du rapport de reconnaissance dans sa tête alors qu’il vérifiant machinalement son équipement de combat. Il se retourna vers les dix hommes et les deux miliciens derrière lui dans la soute d’évacuation du transporteur tactique Foudre.

« Le vaisseau de transport logistique Triomphant appartenant à la flotte du Central terrien a émis un SOS il y a vingt jours, pour des raisons inconnues il a procédé à un atterrissage forcé sur Delta Pavonis et interrompu toutes communications depuis ; les chances de retrouver des survivant sont minces à cet instant précis, notre mission consistera à reconnaître la zone, établir un périmètre de sécurité autour du vaisseau et extraire la boîte noire du Triomphant. Nous effectuerons une entrée en atmosphère dans des capsules de largage furtives, regroupement aux coordonnées GPS pré-établies avec vos chefs de groupe. Questions ? »

Les jeunes gens restaient en rang fixe, droits comme des I, leurs yeux dans le vide devant eux, la mâchoire crispée ; c’est le milicien Sergent qui leur donna la première leçon.

_Major, question mon Major !

_Vas y Sergent.

_Pourquoi le Triomphant était il sans escorte si il s’agit d’un vaisseau de transport logistique ?

_Probablement pour la même raison qui l’a fait cesser toutes communications excepté un code d’urgence crypté en direction du central terrien.

Hélas, la réponse était claire, le Triomphant devait transporter quelque chose de très important, ce qui expliquait pourquoi les Miliciens devaient y jeter un œil avant l’arrivée des Rangers. Major reprit son exposé.

« Ce n’est pas un exercice mais une alerte réelle ; vous formerez deux groupes sous le commandement respectif des Miliciens Sergent et Caporal ; je vous couvrirai durant votre approche sur les deux flancs boisés qui bordent la zone de crash ; on s’attends à tout et n’importe quoi donc respectez scrupuleusement ce qu’on vous a enseigné sur les procédures en zone contaminée. Rompez. »

Les cadets enfilèrent tous le casque à visière fumée et connectèrent sa jointure au respirateur, Major leva sa main droite, deux doigts étendus vers la position supposée de ses lèvres derrière son casque de combat en signe de « silence total » ; les deux groupes se séparèrent chacun sur un côté de la baie de largage, chaque homme entra dans sa capsule individuelle de rentrée en atmosphère.

Telles des balles, les capsules furent tirées selon des trajectoires bien précises ; celle de Major avec deux minutes d’avance. La température monta légèrement dans l’habitacle alors que le frottement s’intensifiait, puis un choc léger signifiant l’ouverture des trois parachutes transparents qui ralentiraient la chute…Attente…Choc sourd et glissement, puis la capsule s’arrêta en position couchée ; Major dégaina son arme de poing dans l’espace exigu et l’arma ; un méchant pistolet automatique de fabrication tchèque crachant des balles de gros calibre, il pria pour ne pas avoir à tirer, le Foudre ne disposait pas de tout l’équipement opérationnel pour un compagnie de Miliciens en opérations, ce qui excluait la présence d’un silencieux adapté à l’antiquité porte-bonheur de Major.

Un coup de genoux et la porte s’ouvrit, Major roula sur lui même vers l’avant et se stabilisa en bas d’un petit talus de terre rouge, un rapide coup d’œil alentours, zone libre ; Griffon régla la protection gamma de sa visière, luminosité permanente et un peu plus importante que prévue dans le rapport de reconnaissance, cela impliquait une visibilité accrue des capsules en approche pour l’ennemi. Major se précipita vers sa capsule et la traîna au couvert des arbres, non un être humain sans armure assistée de servomoteurs ne pouvait pas faire ça, un milicien oui. Fouillant rapidement l’intérieur, Major tira son fusil d’embuscade et en assembla les dernières parties opérationnelles sensibles, dont la lunette qu’il connecta rapidement via un câble à son casque.

Moitié accroupi il sprinta en zigzaguant entre les arbres lourds et menaçants, dans cette lumière rouge sombre et oppressante, chacun de ses pas crissait légèrement dans le sol plein de graviers étranges, sa respiration bien que contrôlée s’accélérait dans le respirateur du casque ; la gravité était un peu lourde mais pas assez pour justifier l’utilisation d’une armure assistée, de plus les cadets n’y avaient pas droit, les « peaux de fer » étaient réservées aux Miliciens. Major repéra un endroit parfait, il jeta un œil à son récepteur GPS, contact des capsules avec le sol dans moins d’une minute ; le Milicien sauta en avant et glissa sur le ventre, puis il se freina dans un bosquet surplombant la forêt luxuriante qui descendait vers le site de crash ; le temps d’armer le fusil, déplier son bipied, il était en position. Contact des capsules loin sur sa gauche et en avant sur sa droite, scanner des environs, zone libre ; activant son micro, Major lâcha les mots sèchement et  très bas, comme si on pouvait l’entendre.

« Zone de largage claire, groupes un et deux procédez à point de rendez-vous. »

Rien ne bougeait dans le viseur de Major, le Triomphant gisait en deux parties distinctes, le nez enfoncé dans la terre meuble, sectionné au niveau de son système de survie ; les centrifugeuses à gravité terriennes étaient le seul défaut de ces vaisseaux, même si la gravité évitait la décalcification des os et la perte de masse musculaire pour un être humain, le système ruinait les capacités de furtivité et dépensait beaucoup d’énergie, de plus c’était un point de faiblesse dans l’intégrité structurelle d’un vaisseau de guerre.

Le bâtiment était assez grand, peu de systèmes de défense à première vue, juste quelques postes de défense laser ; sa coque blanche était maculée de traînées noires et de terre rouge…Un détail attira le regard de Major, un trou à l’arrière du module cargo, un trou qui n’était pas du au crash, en forçant son zoom en résolution maximale Major aperçut le cadavre. Un ranger dans son armure de combat blanche, il avait à porté de main une arme de soutien d’infanterie, un de ces lourds canons lasers à répétition si modernes ; Il avait chauffé car le sol autour des tubes de feu avait légèrement fondu, le Ranger s’était défendu et il était paré au combat, visiblement ça n’avait pas suffit à repousser son…Non ses ennemis. Peut être des prédateurs de la faune locale, il y avait des traces de griffures et des mutilations au niveau des jointures du cou et de l’entrejambe de l’armure ; des créatures vicieuses ayant l’habitude de chasser, mais un Ranger était un soldat entraîné pour faire face à tout, que faisait il là, pourquoi était il équipé de pied en cape comme pour repousser une attaque prévue? Major n’aimait pas ça.

« Groupes un et deux, présence hostile importante confirmée, nature inconnue. »

Le groupe deux avançait en contrebas sur la droite, un sale terrain qui tournait au marécage ; Caporal se sentait écrasé par la gravité, vulnérable sans l’incroyable agilité que lui procurait sa peau de fer en apesanteur ; il déverrouilla très lentement la sécurité de son pistolet mitrailleur et déploya la crosse pour avoir un meilleur appui, il était en confiance, Major et Sergent étaient des durs à cuire, lui même n’était pas une fillette, tout ce qu’il espérait c’est qu’aucun de ses cadets ne soit un fou de la gâchette.

L’environnement était insupportable, il faisait sombre sous les arbres ce qui invitait à régler sa correction gamma avec plus de sensibilité, mais les tâches de lumière filtrant entre les arbres éblouissaient alors toujours le soldat…Ils avançaient pieds dans cette vase ignobles ce qui même s’ils faisaient attention provoquait des remous et du bruit, puis il y avait ces sacrés piafs, une horreur ; le seul bruit excepté sa propre respiration c’était la rengaine lancinante des oiseaux locaux. Il y eût juste un léger remous contraire dans l’eau, malgré la combinaison étanche il froissa le sens délicat de l’harmonie, de la forme souple qu’adorait tant Caporal ; il leva immédiatement le poing en l’air et fi signe à ses hommes de se disperse à couvert sur les côtés.

Un jeune cadet était sur ses pas, assez baraqué, il ferait un bon milicien s’il survivait à sa bêtise ; par réflexe conditionné ce dernier allait activer son détecteur de mouvements ; Caporal l’arrêta prestement et lui montra comment le régler, une émission ici réveillerait tous les sonars alentours comme un coup de téléphone annonçant l’arrivée des troupes de la milice. Le fin limier régla le détecteur sur la même fréquence et avec la même régularité que le cri des oiseaux ; alors qu’il s’exécutait un déchirement strident se fit entendre, le casque protégea heureusement les tympans des soldats ; un éclair de lumière verte traversa les fougères, les faisant trembler sur son passage.

Caporal aurait été touche aux reins sans aucun espoir de survie si le jeune Cadet ne l’avait poussé à temps, la décharge de fusil à impulsion lui déchira le mollet droit alors qu’il tombait à la renverse dans la flotte dégueulasse du marais ; puis ce fut l’apocalypse, les cadets prirent le point d’émission du rayon pour cible et arrosèrent la zone de plomb au mètre carré près, les pistolets mitrailleurs crachaient les flammes de l’enfer dans un bruit assourdissant, le mitrailleur mit son arme en batterie et dévida facilement plus de soixante cartouches perce-blindage sur un buisson qui n’avait fait de mal à personne, c’était le chaos le plus total. Le jeune cadet courageux rampa dans la boue pour tirer Caporal hors des lignes de feu, il hurlait dans son casque.

« CESSEZ LE FEU ! CESSEZ LE FEU ! UNITE AMIE DANS LE… »

Sans effet, son récepteur devait avoir sauté après la surtension provoquée par l’impulsion électromagnétique du tireur embusqué, en tout cas l’ennemi savait qu’ils étaient là ; une détonation sèche comme un coup de fouet mit fin au tir ; de sa position inconnue le Major avait réglé le problème et ordonné un silence complet à ses pupilles. Caporal arracha avec hargne la trousse de secours fixée sur son baudrier et s’injecta une dose de cheval d’analgésique, puis il essaya de limiter les dommages du lambeau de jambe sanguinolente qui lui restait, au fur et à mesure que la douleur s’effaçait montait sa rage, il avait longtemps attendu la blessure qui ferait de lui un astronaute mais là il était en zone hostile et avait besoin de sa pleine capacité ; il entrevit les membres de son unité se déplacer pour encercler la position supposée du tireur, non son émetteur était hors service, il avait beau se démener comme un beau diable pour rappeler ces petits cons à l’ordre, il n’y avait rien à faire. Caporal attendit les nouvelles détonations en vain, puis le jeune cadet finit de s’affairer sur son casque et l’émetteur fut de nouveau en ligne ; Major discutait avec un des trois éclaireurs.

_Groupe deux, au rapport.

_Avons trouvé tireur embusqué, c’est un Ranger ; son IFF devait être hors service, il était blessé.

_Ne le touchez pas, il doit être piégé.

Quelques secondes silencieuses passèrent, Caporal commençait lui aussi à comprendre ce qui se passait ici ; l ‘éclaireur confirma ses soupçons.

_Grenade et mines antipersonnelles, il s’en est entouré…Il aurait sauté avec.

_C’était bien le but, groupe deux reprenez votre avancée jusqu’à la lisière de la forêt et conservez silence radio.

Le cadet entoura la jambe de Caporal dans une compresse et lui fit un garrot, il fallait l’évacuer mais ce n’était plus au programme ; le groupe reprit lentement sa progression, plus par prudence qu’à cause de Caporal, il boitait comme un fou, bille en tête, il voulait savoir le fin mot de cette histoire pourrie. De l’autre côté le groupe un n’avait rencontré aucune résistance et s’était positionné pour le prochain mouvement, dès que le groupe deux fut en position, Major reprit le crachoir.

« Le site de crash semble clair, Sergent fonce sur le compartiment avant, Caporal, toi et ton groupe vous les couvrez pour extraction de la boîte noire ; seul l’objectif compte, ne restez pas plus que nécessaire dans l’épave et cantonnez vous au compartiment avant ; dès que l’objectif est sécurisé, repliez vous sur ma position. Mouvement. »

Les hommes s’exécutèrent, le groupe un fonça, couvrant tous les arcs de tirs il courut vers l’avant ; toujours pas de mouvement, dès qu’ils pénétrèrent dans une brèche de la coque le groupe deux fit mouvement pour couvrir leur point de sortie…Jusque là tout se passait bien. Quelques minutes s’écoulèrent.

« Ici groupe un, passerelle de commandement localisée…Beaucoup de cadavres, mutilés…Traces de combat. »

Major ajusta le viseur de son fusil, geste inutile trahissant son anxiété, sa main se crispa sur la crosse, le gant éponge absorbait la sueur de sa paume, mais sur son front de grosses gouttes se formaient, toujours ce pressentiment étrange qui le talonnait depuis la réception du SOS, d’ici il ne pouvait pas surveiller les gars à l’intérieur, il pouvait juste couvrir l’extérieur.

« Groupe un, procédons à extraction boîte noire…Détectons mouvement, écho en section arrière. »

Major allait répliquer mais ce fut la voix de Caporal qui couvrit la fréquence, nerveuse à l’extrême.

_Sergent bloque l’accès passerelle, prends cette fichue boîte et sors de là !

_Négatif caporal, ça pourrait être un survivant ; Major je prends un homme pour vérifier.

Sergent avait raison, c’était une mission de secours et il fallait en savoir plus, ors la priorité d’un milicien est la mission, pas d’éviter les pertes.

_Vas y Sergent.

Le groupe un s’extrayait avec la boîte, mais il y avait de l’agitation ; la silhouette de Caporal se détacha et pénétra dans l’épave suivie par un de ses gars, un grand ; le reste des groupes un et deux se replia vers le couvert de la forêt, Major continua à couvrir la scène impuissant.

_Caporal mais qu’est ce que tu fous ?

_Je vais chercher Sergent mon Major.

Sergent aurait sûrement répliqué à un truc pareil mais sa voix ne se faisait pas entendre, ors si Sergent ne lâchait pas un juron, c’est qu’il était préoccupé par autre chose.

« Sergent, Caporal, sortez de là ; abandon de l’objectif secondaire, repliez vous ! »

Puis se furent les coups de feu, rafales de pistolet mitrailleur et de la sulfateuse de Sergent ; ça chauffait à l’intérieur, ça chauffait salement…Major aurait aimé courir vers l’épave, il continua à viser la brèche en espérant voir ses hommes sortir ; il y eût un hurlement de rage sur la fréquence, Sergent. Puis de nouveaux coups de feu et Caporal qui déblatérait des incohérences, pourtant tout cela n’avait que trop de sens pour Major.

« Contact Ennemi ! Sergent! Sergent! Crève salope! Crevez tous ! »

Puis il y eût une explosion et une partie de la coque vola en éclat, quelques rafales et une silhouette en tenue camouflée de grande taille sortit en courrant, elle avait un autre corps sur les épaules ; Major arrosa l’obscurité derrière elle, mais aucun poursuivant n’en sortit pas plus qu’un coup de feu quelconque.

Major attendit puis accrocha son fusil à la sangle, s’emparant de son pistolet il dévala vers le marais pour rejoindre les deux survivants ; il courrait, sans se soucier des alentours il courrait…Ce fut une éternité dans ce labyrinthe de verdure, puis il les trouva enfin, un grand cadet portait Caporal sur ses épaules ; Major s’empara de l’arme de Caporal et la rechargea puis il fit signe au cadet de continuer pour rejoindre l’escouade ; derrière eux la forêt semblait se moquer silencieusement, pas un mouvement, juste les cris de ces satanés oiseaux…Ils avaient vu les Rangers se faire massacre et maintenant c’était au tour de Miliciens.

Le groupe se reforma derrière l’escarpement où les capsules avaient atterries, se déployant en cercle ils continuèrent à braquer leurs armes sur les arbres alentours, Major alluma sa balise satellite et jeta un fumigène ; le grand cadet posa son fardeau au sol et vérifia son arme aussitôt. Major aurait voulu lui poser un tas de questions mais il était encore trop tôt, ils attendirent et dans un fracas épouvantable la navette arriva, elle se stabilisa et heurta le sol violemment, ils embarquèrent sans cesser de viser cet ennemi invisible et c’est seulement lorsque la navette eût repris de l’altitude que chacun osa sans honte s’adosser aux parois de transport ; ils auraient voulu enlever ces casques et respirer par eux même mais il y avait encore un danger, ils déchargèrent leurs armes et s’attachèrent avant la sortie de l’atmosphère, puis la pesanteur disparut et avec elle le spectre de la peur. Le compartiment fur décontaminé , la boîte noire mise en sécurité et Caporal emmené d’urgence au compartiment médical ; alors que les membres d’équipage l’emmenaient, il se débattait mollement, assommé par les calmants ; le jeune cadet s’approcha de lui et il regagna son calme…Major se sentait un peu dépassé ; il fit signe au jeune de s’approcher ; il reconnut le cadet qu’il avait malmené lors de sa prise de commandement.

_Que s’est il passé ?

_Le Caporal et moi avons rejoins le Sergent et son équipier, ils ouvraient le feu sur des formes de vie inconnues et agressives, elles étaient trop nombreuses, ils on été submergés ; le Caporal a tenté de leur arracher le Sergent, j’ai juste eût le temps de bloquer le couloir avec une grenade défensive et d’emporter le Caporal qui était blessé.

_Très bon réflexe, quel est ton nom Cadet ?

_Mon nom est Cadet mon Major.

_Ton nom est Caporal Suppléant désormais.

Major quitta le jeune homme pour gagner rapidement la passerelle, le Timonier était un homme solide avec une forte barbe qui lui donnait l’air d’un félin, tournant son regard perçant sur Major il l’invita à le rejoindre près de la baie d’observation.

_Salut l’Ancien.

_Salut à toi Timonier.

_Dis moi où nous allons.

_A Fort Cimetière, il est temps.

Le Timonier acquiesça d’un air grave, puis retourna son attention à Delta Pavonis, calme sous le ventre du Foudre ; Major se retourna pour quitter la passerelle et lâcha.

« Vitrifie la zone de Crash. »

Le Foudre prit une orbite basse et lâcha quelques missiles nucléaires, puis usant de la vitesse gagnée grâce à l’axe de rotation de la planète, il partit vers sa mystérieuse destination, la base secrète de la Milice, Fort Cimetière.  

 

Le Foudre avait entamé sa phase d’accélération linéaire, les cadets se préparaient nerveusement à l’animation suspendue, le nouveau Caporal Suppléant entra sur le pont de congélation, il se propulsa paresseusement au travers des rangs de ses camarades et se stabilisa près de sa couchette ; il n’y eût plus un mot, ils voulaient savoir ; il se retourna le visage figé par la colère.

« Ce qui est arrivé est une parfaite illustration des conséquences d’une désobéissance aux ordres ; maintenant pieutez vous. »

Il n’eût pas à arguer de sa nouvelle fonction, tous les cadets détournèrent le regard et s’exécutèrent, méditant la coûteuse leçon donnée par les couchettes vides parmi leurs rangs. En baie médicale, Caporal essayait de s’empêcher de penser ; la sas s’ouvrit et Major entra, débarrassé de son équipement il se préparait à retourner au frigo ; sans regarder Caporal il entama la discussion.

_Qu’est ce qui t’a pris ?

_Je savais ce qui allait se passer Major, je savais ce qu’il y avait là bas…

_Nous le savions tous, raison de plus pour suivre les ordres.

_Je ne pouvais pas le sauver mais je lui avais promis.

Caporal desserra la pression qu’il exerçait sur la balle de Sergent depuis son retour ; elle s’éleva en l’air, tournant doucement sur elle-même ; Major contempla la balle sans pouvoir analyser avec pertinence son sentiment du moment.

_Tu aura finalement ta mutation pour la flotte, j’ai réglé ça avec le Timonier.

_J’ai bien réfléchi Major, si ils peuvent me rafistoler alors je veut continuer à me battre.

_Tu n’as pas bien compris Caporal, je ne te veux plus dans mon unité.

Caporal était surpris, Major disait le fond de sa pensée sans méchanceté ; mais la honte était terrible, seulement maintenant il réalisait la portée de ses actes.

_A cause de toi j’aurais pu perdre un Milicien de plus.

_Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, c’était mon ami je crois.

_Tu es devenu trop humain Caporal, voilà ton problème.

Major attrapa la balle de Sergent et sortit ; Caporal perdit toute envie de vivre pendant un court instant.

 

 

Page vue 50 fois, créée le 06.09.2007 00h06 par guinch
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