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C’était une belle merde façon l’Indien ; la section Pelles était bloquée près d’un centre commercial désaffecté, pilonnée par au moins tout un bataillon de l’APL disséminé dans les bâtiments environnants. Cloués sur place derrière des couverts aussi précaires que des épaves de véhicules jonchant l’asphalte défoncée du parking, Pelles et ses gars allaient bientôt être débordés par les chinois.

 

_ GRENADE !

 

La smart 30mm quitta le tube monté sous le canon du fusil d’assaut américain, s’arrêta au sommet de sa courbe puis pointa le nez vers le sol, le long de son fuselage, des ailettes se déplièrent, pareilles à la corolle d’un volant de Badminton ; puis elle chuta vers sa cible et explosa en illuminant la nuit comme une boule de feu.

 

_ Watanabe, bloque les sur notre flanc avec ton zippo !

 

Le marine bondit et fit dépasser la gueule de son arme par dessus le capot d’un monospace carbonisé ; d’une pression, le gel fut vaporisé puis enflammé comme une grande langue démoniaque, léchant le sol pour le laisser nu et noirci dans une infâme odeur de produits chimiques et de chair brûlée. Les soldats chinois se replièrent, leur assaut repoussé ; mais pour combien de temps ?

Collant le micro contre sa bouche, Pelles essayait de parler fort sans pour autant crier, peine perdue.

 

_ BAD DOG, BAD DOG. ALPHA CINQ DEMANDE MISSION APPUI FEU PRIORITAIRE ! TIR DE BARRAGE CENT CINQUANTE METRES EST DE NOTRE POSITION, COPY ?

_ Copy Alpha Cinq, tir d’étalonnage parti, rendez compte.

 

La frappe orbitale descendit du ciel dans un hurlement strident, la terre trembla et l’ensemble de petits bâtiments où s’abritait une escouade ennemie fut pulvérisé dans un nuage de terre, de particules de béton et d’être humain pulvérisé. Simon observait le chaos résultant avec la fibre optique au bout de son gant, il ne laissa même pas la poussière retomber.

 

_ D’ALPHA CINQ, BON TIR BAD DOG, ENVOYEZ LA PUREE !

 

Le sergent fit signe à tous les marines dans son champ de vision, chacun s’accroupit en tenant son casque alors qu’une grêle d’obus tombait du ciel. Sans entendre autre chose que les hurlements stridents et les explosions, Simon Pelles récitait son « je vous salue Marie », avalant poussière et terre au passage comme il était enterré vivant, changé en statue de sel.

 


  

Il était difficile de savoir combien de temps s’était écoulé depuis que le barrage d’artillerie avait fait reculer l’orée de la petite forêt d’une bonne cinquantaine de mètres ; en tout cas, Charlie était en fuite. Le fumigène violet s’étiola, dispersé par le souffle des turbines vectorielles du VTOL américain ; le ciel était traversé de ces frelons furieux dont les hauts parleurs hurlaient un rock n’ roll dément. Les gunships du 1er régiment de cavalerie aéroportée de l’US Army transformait tout ce qui n’était pas taggé d’un IFF américain en purée ; les massifs appareils crachaient leurs salves de roquettes beehive dans la forêt, ignorant le petit groupe de marines qui attendait son ravitaillement sur la zone dégagée du parking.

 

Le Cheyenne toucha le sol, laissant débarquer le major Cable, cigare vissé au bec et l’air conquérant.

 

_ Hé boys, comment ça va ?

 

Simon le gratifia d’un salut un peu fatigué et fit son rapport sur l’engagement ; la zone était presque sécurisée, ils ne s’étaient ramassés que deux blessés.

 

_ Beau boulot, la section de Rajeev sera là dans quinze minutes avec les exosquelettes pour embarquer tout ce qu’on peut. Si des rigolos de la first cav’ se pointent, ne les laissez pas mettre le nez dans notre caverne d’Ali Baba, j’ai déjà vu ça avec leur commandant, ce sera une palette de Jack et rien d’autre.

 

On ne plaisantait pas avec la prise d’un objectif stratégique comme un supermarché.
Page vue 61 fois, créée le 05.09.2007 00h40 par guinch
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