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The road to hell

La convalescence de Simon fur brève, une semaine tout au plus ; les trois premiers jours il n’eut pas le cœur de renvoyer Lena au complexe pour reprendre ses cours, mais il était finalement beaucoup plus important pour elle de remonter en selle, l’avenir n’attendait pas.

Son épaule demanderait une semaine supplémentaire de repos et de la rééducation, mais une telle chirurgie reconstructrice aurait été bien plus lourde seulement quelques décennies auparavant ; d’un point de vue plus personnel, il ne faisait pas le deuil de Becky, il n’arrivait tout simplement pas à ressentir quoi que ce soit, c’était le flou total… Et il passait ses journées à arpenter l’appartement comme pour se prouver que ses prothèses ne lui feraient plus défaut, jouant de sa main valide avec le petit objet froid qui était une clé de coffre, cette saloperie commençait déjà à lui brûler les doigts ; Reinhardt ne lui foutrait donc jamais la paix, pas même mort.

 

Une pensée le réconfortait, c’était celle de ses amis ; le coup de fil de Ganja avait mis du temps à faire effet, mais à présent Simon se rendait compte combien il pouvait se montrer stupide et intolérant ; même un homme comme Fargo avait su faire de bonnes choses ; Pelles avait des efforts à faire côté pardon.

Francis passa à l’appartement entre deux patrouilles, le temps de prendre un café.

 

_ Comment ça va Simon ?

_ J’aimerai bien pouvoir répondre à cette question figures-toi, je suis offworld pour de bon ces derniers jours.

_ Eh, qui ne le serait pas à ta place mon gars ? Tu t’es retrouvé en plein milieu d’un complot visant à éliminer un dignitaire chinois, et juste là-dessus, l’agression de Becky et Lena…

_ A courts de mots, Franck ?

_ Jamais, le seigneur y pourvoie ; mais disons que ce n’est pas le moment.

_ Je te remercie, je t’ai dit que je suis allé voir mon vieux à Leeds ?

_ Non, c’est une bonne nouvelle ; comment va ton père ?

_ Bien, mieux que je ne l’aurai cru ; mais une simple visite ça ne change pas le passé.

_ C’est mieux que rien, vois ça comme un nouveau départ pour vous deux.

_ Oui, c’est chouette.

 

Mais quelque chose dans la voix de Simon disait tout le contraire, au vu des circonstances, Francis trouvait délicat d’interpréter le message, il se contenta de forcer une contact visuel avec son ami, en silence.

 

_ C’est Becky, Francis je ne ressens rien.

_ Et tu te mortifie pour ça ? Par ce que tu ne souffres pas plus ? Simon, tu es vraiment l’archétype du catholique introverti… C’est triste à dire, mais l’être humain n’a pas des stocks illimités de compassion, seul Jésus avait les épaules pour tous nous racheter. Est-ce que tu pries souvent en ce moment ?

_ Oui.

_ Alors sois patient.

 

Les veines du cou de Simon ressortaient, il avait l’œil rouge, un peu mauvais ; Francis laissa couler l’agressivité retenue sur lui comme l’eau sur un canard ; l’orage éclata.

 

_ Je suis en colère Francis, j’en ai même plein le cul ; pourquoi est-ce que tout ça m’arrive à moi ? N’ai-je pas déjà payé assez cher pour mes erreurs ? J’ai perdu ma mère, mon fils, Mary Kate ; je n’ai pas pu sauver Kurt, et maintenant Becky… Qui sera le prochain, mon père ? Lena ? Dis-moi Franck, qu’est-ce que je lui ai fait pour qu’il s’acharne comme ça sur moi ? !

 

Francis croisa les bras sur sa poitrine, et le visage grave scruta Simon ; le temps de ménager une pause.

 

_ Tu le sais mieux que moi Simon, il y a des choses qui se sont passées là-haut et elles te tourmentent encore ; peut-être Dieu attend il de toi un repentir sincère et visible, que tu cesses d’enfermer tes démons au fond de toi. Tu regrettes ce que le métier des armes t’a mené à faire, mais as-tu renoncé pour autant à la violence ? Tu te souviens ce que tu disais quand je t’ai connu ? Si tu pouvais y retourner, tu le ferai sans hésitation.

_ J’ai changé Francis, maintenant j’ai Lena.

_ Alors accomplis ce changement, va jusqu’au bout… Laisse tomber tout ça, et ton orgueil aussi ; réunis ta famille, vis selon ce que tu crois être juste et bon.

_ J’ai besoin de ce job Franck, je ne peux pas laisser tomber !

_ Flic, c’est un bon job ; seulement il y a plusieurs façons de le faire mon ami, comment pourrai-je porter la collerette et l’uniforme autrement ?

_ A t’entendre ça a l’air plutôt facile, et franchement je resterai bien peinard si on voulait me lâcher la grappe ne serait ce qu’un an… Mais faut pas rêver, je sens déjà le prochain iceberg se pointer.

_ Ok, tu veux que le bon dieu prenne l’affaire en main pour toi ?

_ Mais qu’est-ce que tu racontes ?

_ Je te demande juste si tu veux que l’on prenne l’affaire en mains pour toi ; si ce n’est que ça, je peux intercéder auprès du patron.

 

La remarque ramena un sourire sur le visage de Simon.

 

_ T’es vraiment trop con Franck, enfin bon… Tu as l’air de prendre ça au sérieux, allons-y, un peu d’aide du très haut sera sûrement la bienvenue.

_ Banco, c’est signé ; mais en contrepartie tu vas devoir me donner ta parole que tu ne mettra pas ton nez dans une quelconque affaire d’attentat, d’espionnage ou de grand banditisme ; tu prends ton service, tu plies tes interventions et tu laisses le reste au bon soin des collègues compétents. Reinhardt n’étant plus là pour te pourrir la vie, essaye juste un moment d’être monsieur tout le monde, juste le cadre moyen, ok ?

 

Bien sûr c’était tentant, mais il y avait cette clé avec ses réponses et son demi million de dollars ; la connaissance, le pouvoir… Cette clé était-elle une tentation du malin ? Simon ne pouvait considérer ça sérieusement, malgré sa foi, ça sonnait trop comme de la superstition.

 

_ Je ne suis qu’un infâme couineur Franck, désolé ; mais j’ai un truc à terminer avant de pouvoir me ranger.

_ Qu’est-ce qui pourrait bien être assez important pour t’empêcher de devenir enfin heureux ?

_ Je vais dessouder le fils de pute qui a flingué Kurt Jenks, Becky, Reinhardt et son môme.

_ Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Tu veux ma bénédiction ? Sûrement pas, parfois je me dis que tu t’es planté de religion, tu aurais du être juif.

_ J’ai choisi les marines, ça compense sûrement.
Page vue 57 fois, créée le 05.09.2007 00h29 par guinch
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