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All bets are off

Mais Simon Pelles n’était pas le seul à avoir son agenda, durant la nuit, beaucoup s’étaient activés ; Gilles Smith était groggy, les antalgiques ne faisaient qu’atténuer la douleur de sa plaie, alors que les nanites à l’intérieur s’activaient à réparer les tissus endommagés.

Il n’avait pas pu se reposer et se contraindre à l’immobilité nécessaire, il saignait, mais ce n’était pas cher payé ; là dehors une meute était lancée à ses trousses et il devait encore arriver à en supprimer le maître.

Le jour se levait, il avait encore cinq heures jusqu’à l’évacuation prévue… Le môme était un poids mort à se traîner, surtout dans son état ; mais il avait besoin de lui comme appât.

« Un matériel adéquat, de l’entraînement intensif, et des facultés supérieures d’adaptation font du marine le soldat le mieux préparé à faire face à toutes les situations. »

Il y avait du vrai dans toutes ces conneries sensées vous rendre confiant, voir vous faire croire que vous étiez invincible. Remko avait été un bon planificateur, tout le matériel était prêt ; la Sentence n’avait plus qu’à modifier légèrement le plan à sa sauce, échanger l’option d’un tir direct grossier pour celui d’un cheval de Troie explosif, et le contrat serait rempli avec sûreté. En espérant que de son côté, leur contact à la Securitas soit parvenu à substituer l’ADN de la scène du kidnapping avec un autre, Gilles Smith allait encore s’en tirer là où tous les autres auraient échoué.

C’était comme du théâtre, tout allait porter sur la mise en scène ; la cible dépose la rançon dans un train à lévitation magnétique, l’otage arrive sur le quai de d’en face ; il n’a aucun moyen de l’éviter, c’est dans la nature humaine, il va s’assurer que son fils va bien. Mais Reinhardt est un homme prudent, il y a des chances que ses gorilles fouillent le gosse avant de les laisser s’étreindre.

Heureusement, l’explosif que la Sentence va utiliser n’est pas décelable, car avant le moment important, il n’est pas encore un explosif… Ce sont des nanites qui changent cette base inoffensive en explosif par une simple modification moléculaire ; cette matière synthétique est incolore, inodore et on peut fabrique tout un tas de trucs avec ; quand aux modes d’application des nanites, les possibilités sont elles aussi nombreuses.

La Sentence saisit le téléphone satellite et utilisa le numéro direct fourni par l’informateur du major, le masque vocal était en place ; il était temps d’en finir.

_ Monsieur Reinhardt.

_ C’est lui-même.

_ J’ai votre fils, écoutez attentivement mes instructions si vous voulez le récupérer.

_ Attendez, je sais ce que vous voulez vraiment ; je suis prêt à échanger ma vie contre celle de mon fils.

_ Très émouvant monsieur Reinhardt, mais ne m’interrompez plus à l’avenir… Je ne suis intéressé que par l’argent, c’est un désaccord majeur que j’ai eu avec mon associé ; à ce sujet, vous trouverez son corps dans un immeuble situé au trente et un Matthews street. Réunissez la somme de cinq millions de dollars en bons du trésor manuscrits, puis rendez-vous personnellement à la gare mag-lev d’Union Station ; vous avez deux heures.

_ Moi-même ? Je ne suis pas idiot…

_ Je vous avais dit de ne plus m’interrompre monsieur Reinhardt ! Vous pouvez prendre autant de gardes du corps qu’il vous plaira si cela peut vous rassurer… La consigne B514 est réglée sur votre bio signature, vous y trouverez un sac ; dans ce sac vous trouverez un billet de train, placez-y la rançon puis faites placer le sac à la place indiquée par le billet de train. Dès que le train aura quitté le quai, votre fils vous sera rendu.

_ Pourquoi dois-je me rendre en personne sur place, s’il n’y a que l’argent qui vous intéresse ?

_ Monsieur Reinhardt, je suis certain que l’avocat de mademoiselle Forrester serait heureux de pouvoir arguer que votre fils a été enlevé alors qu’il était placé sous votre garde, et que vous n’avez pas fait tout ce qui était en votre pouvoir pour le récupérer. Il vous reste une heure et cinquante neuf minutes.

La Sentence raccrocha, Reinhardt était un dur ; oser discuter le bout de gras avec le ravisseur de son fils, mais le pire était qu’il semblait tout à fait au courant du plan visant à le mettre hors circuit. Ca s’annonçait plus dangereux que prévu ; surtout qu’il n’était pas sensé contacter le major avant son évacuation.

Mais il n’était sûrement pas le plus inquiet des deux, à ce moment là, Herbert Reinhardt sentait le contrôle des choses lui échapper complètement. Sa paternité récente lui ordonnait de prendre un risque que son expérience dans la sécurité tendait à lui faire éviter, mais le pire était à venir ; Simon Pelles entra dans son bureau avec une mine cadavérique.

_ Pelles, quelles sont les nouvelles ?

_ Voici la déposition signée d’Anthony Baldi.

_ Déposition signée ?

_ Des agents des services secrets sont en route pour le récupérer, ils aimeraient eux aussi avoir un entretient avec lui.

_ Quoi ? Comment sont ils au courant que c’est nous qui l’avons ?

_ Par ce que je leur ai dit.

Reinhardt sentit sa mâchoire se crisper… Pelles, ce foutu boy scout.

_ Vous kidnappez quelqu’un et vous en parlez aux autorités ? Etes vous aussi stupide que vous en avez l’air Pelles ?

_ Monsieur Baldi a eu la délicatesse de me signer une déclaration sur l’honneur selon laquelle il s’est rendu dans nos locaux de son plein gré.

_ Peu importe, je pensais que vous aviez compris que je ne souhaitais pas que le gouvernement américain soit impliqué dans cette affaire.

_ Alors je ne sais pas lequel de nous deux est le plus stupide, vous pensiez que j’allais faire quoi de ces informations sur les commanditaires de l’attentât de Genève ? Me les coller au cul ? Vous avez fait des études supérieures non ? Selon la loi j’ai certaines obligations, je n’appartient pas à cette compagnie, pas au sens où vous l’entendez.

_ Vous étiez sûrement un bon soldat, mais les subtilités de la politique vous échappent visiblement ; Pelles, l’époque des nations souveraines est révolue, vous êtes un dinosaure… Franchement, dès le début je ne pensais pas que vous aviez votre place dans notre compagnie.

Simon se laissa tomber dans un des fauteuils disposés devant le bureau du DIROPS, il le regarda d’un air morne.

_ Je ne vous aime pas, mais vraiment pas du tout… Vous êtes tout ce qui va de travers dans notre société, pour vous il n’y a que le profit de la compagnie qui importe. Les grandes entreprises se sont peut-être payé les hommes politiques de ce pays, mais sa population ne leur appartient pas ; les gens qui prennent les armes dans le vieux San Drad vous adressent un message et vous ne les entendez pas.

_ Laissez tomber Pelles, vous êtes un idéaliste incurable. Nous avons du travail, le ravisseur m’a contacté, je vais vous expliquer les modalités du rendez-vous…

_ Non, j’ai essayé de vous aider, mais là je sature de toutes vos luttes d’influence ; le SWAT-5 n’est pas de service aujourd’hui, débrouillez-vous. Et si ça ne vous va pas, allez-vous plaindre au directeur Ayao, je suis certain que votre histoire le passionnera.

_ Pelles, si je fais tomber votre protecteur, soyez sûr que votre carrière au sein de la Securitas est terminée.

Simon se leva péniblement, il était au bout du rouleau ; tout ça lui passait à présent complètement au dessus de la tête.

_ Vous savez vous faire des alliés Reinhardt, ça c’est sûr… Enfin, si vous terminez comme JFK, j’ai toujours votre clé à portée de main, hein !

Il sortit, maugréant un « connard » bien senti, et retourna s’assurer que Tony le Tigre sortirait du complexe autrement que les pieds devant. Il récupérerait ensuite Lena chez Angie et Mike, puis filerait chez lui pour dormir… Dormir et oublier.
Page vue 56 fois, créée le 19.08.2007 23h23 par guinch
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