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The new and improved Simon Pelles

Quatre jours d’un traitement de choc à base de températures estivales, d’eau turquoise, de cocktails frappés et langoustes grillées, avait opéré un véritable miracle sur Lena et Simon. La jeune fille s’était promise de réitérer l’expérience, car ce séjour avait été une découverte ; Simon adorait la mer, la plongée tout particulièrement. C’est avec plaisir qu’il avait initiée sa pupille à l’utilisation d’un respirateur à ouïes, lui parlant de l’époque où il avait lui-même appris de son grand-père, avec des bouteilles d’oxygène.

Simon ne parlait quasiment jamais de sa famille, il semblait avoir tiré un trait sur sa jeunesse avant d’avoir intégré les marines ; considérant le jeune homme qu’il était à l’époque comme un imbécile sans cervelle. Mais il avait été heureux, et le pourquoi de sa vocation militaire s’expliquait peut-être autant par défi pour son père, que par adoration pour son grand-père. Joseph Pelles avait été plongeur de combat chez les royal marines, Simon en parlait comme d’un roc fait homme, et appliquait uniquement des superlatifs pour décrire son caractère.

De retour à San Drad, Simon décrocha la photo de son unité dans le salon ; il la remplaça par un tirage papier d’un instantané de Lena et lui, c’était une belle image aux sujets naturels et souriants.

_ Tu te rends compte que c’est notre première photo ?

Lena se serra contre son bras ; à force d’entraînement, il arrivait à présent à ne plus sursauter quand elle faisait ça. Sa remarque le fit sourire, car ce n’était pas vrai ; mais Lena aimait faire de tous les instants des occasions, y ajouter des paillettes et essayer de faire de leur quotidien une sorte de conte de fée. Il n’y avait pas de mal à ça, surtout quand on vivait avec un type comme lui.

_ Et celle du tribunal, le jour où on m’a accordé ta garde ?
_ Ah oui, c’est vrai que j’étais bien en tailleur.
_ Et celle de notre premier Noël ?
_ Elle compte pas, c’était un miracle que j’ai réussie à t’y forcer.
_ Tu es d’une mauvaise foi phénoménale.
_ Je suis une fille, on peux tordre la réalité pour qu’elle se plie à nos désirs… Mecs inclus, toute résistance est inutile.

Simon haussa les épaules, vaincu… Il avait du mal à imaginer le parcours de Lena, il était admirable qu’elle n’ait jamais perdu sa capacité à être positive, alors qu’elle avait connu les foyers d’accueil comme la rue. Des gosses beaucoup plus jeunes qu’elle se prostituaient, se droguaient et mourraient ; le tout bien souvent avant leur vingtième anniversaire. Lena était une gentille fille, relativement honnête et disposant d’une intelligence pratique ; quelques années de sécurité lui permettraient de l’enrichir d’une base culturelle solide.

L’orage était derrière eux à présent, Simon savoura l’harmonie qui régnait en cet instant.

_ Tu fais quoi ce soir ?
_ Je sors.
_ Pas avec la pouf de l’autre soir, j’espère ?
_ Elle a un nom, Rebecca.
_ Fais comme moi, oublie-la ; cette fille ne te mérite pas.
_ Bien essayé, mais encore raté, petite... Si tu veux entrer en compétition avec la dame, il va falloir remplir tes bonnets, passer des diplômes et apprendre à cuisiner comme une mère juive.

Rebecca ne s’expliquait pas vraiment pourquoi elle avait rappelé Simon Pelles, elle savait qu’ils ne pourraient jamais avoir une histoire durable, ou à défaut stable. Au fil des ans, elle avait constaté que lorsqu’un homme a effectivement décidé de séduire un partenaire sexuel, il se montre alors beaucoup plus sûr de lui ; pour ne pas dire agressif. Pourtant, son expérience et le premier rendez-vous qu’elle avait eu avec Simon Pelles ne l’avaient préparée en rien au second.

En fait, leur « sortie » s’était tout simplement arrêtée au parking de la résidence, le trajet dans l’ascenseur présageait de ce qui allait se passer ; ils étaient adossés chacun à sa paroi et se regardaient en silence, une sensation frôlant le malaise picotait l’échine de Rebecca. Et une fois arrivés dans le parking, quel cirque ! Au camion, Simon s’était arrêté près de Becky et avait frappé nerveusement de plat de la main sur la carrosserie, la faisant sursauter. Puis il avait plongé un regard sombre dans ses yeux et son autre main avait lentement glissée autour des reins de Rebecca ; elle s’en voulait un peu de s’être laissée avoir si facilement… Du moment où il l’avait attirée contre lui, l’embrassant de façon affamée ; elle était passée sur pilote automatique.

Le trajet de retour à son appartement avait été aussi très amusant, n’avoir l’air de rien en présence d’autres locataires dans l’ascenseur, alors que la tension était à son comble. Enfin, ils avaient passé la porte, refermée d’un coup de talon ; et il l’avait plaquée contre le mur. Le sexe renvoie aux instincts les plus primaires de l’être humain, dans l’intensité du moment, le vernis de la civilisation s’écaille, les barrières tombent, et on abdique sa fierté. Rebecca avait eu de bonnes expériences avant, mais jamais elle n’avait connu quelque chose d’aussi sauvage ; Pelles s’était comporté avec une détermination farouche, la fragilité qu’elle avait perçue en lui la première fois s’était totalement effacée devant sa rage de vivre.

A bout de souffle, sur le sol froid du salon ; ils étaient isolés dans les sensations de leurs corps respectifs ; Rebecca passa les doigts dans ses longs cheveux mouillés de sueur, essayant de les démêler doucement.

_ Et maintenant, tu vas remettre tes vêtements et filer à l’anglaise ?

Il plongea dans son regard, sa respiration revenant à la normale beaucoup plus vite que celle de sa compagne ; il y avait le voile de la distance dans ses yeux.

_ Je sais faire la différence entre la baise et l’amour, Simon… C’est ta façon de me dire que je t’ai blessé ?

Il se redressa, elle put voir la façon dont il balançait son poids en roulant un peu sur le dos afin de se mettre debout par inertie, ses jambes cliquetant doucement il récupéra son caleçon et se mit effectivement à se rhabiller.

_ J’espère que ça cadre avec le profil que tu t’es fait de moi.
_ Ah oui, je vois… Je suis la vilaine intello arrogante, et toi, le type qui a une sagesse éprouvée issue de ses expériences. J’imagine que tu as trouvé un bon mot pour clore cette histoire, une morale peut-être ?

Il ferma la boucle de son ceinturon puis s’accroupit près d’elle, caressant l’ovale de son visage du bout des doigts.

_ Je comptais prendre le temps de t’expliquer pourquoi je dois rentrer chez moi ce soir ; mais vu que tu as déjà écrit le script depuis notre première rencontre, c’est peine perdue. J’espérais vraiment pouvoir rattraper le coup, tu ne me facilites pas les choses Rebecca.

Il lui sourit, un peu dépité, et déposa un baiser non dénué de tendresse sur ses lèvres ; quelques instants d’un silence pesant plus tard, il était parti.
Page vue 50 fois, créée le 19.08.2007 19h15 par guinch
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