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Give me love or give me death

Suite à ma dispute du samedi matin avec Lena, tout ce qu’il me restait à faire était de la laisser digérer sa déception, ou ce que pouvait bien être son sentiment à ce moment là ; lui laisser de l’air donc, et disparaître quelques temps. Une bonne occasion de suivre son conseil, et me trouver une partenaire pour passer ma frustration de zéro pointé en management domestique d’adolescente.
N’ayant pas d’ami mâle en dehors de l’uniforme pour sortir écluser les bars, et me sentant totalement déconnecté des boîtes de nuit et autres lieux de rencontre potentiels ; il me restait la solution des désespérés, le club de rencontre de la compagnie.
La Securitas avait adopté comme nombre des corporations modernes, le modèle d’entreprise japonais, à dire qu’elle favorisait la création de cellules familiales parmi ses employés, créant un réseau, une macro famille au sein de la compagnie… Selon l’idée d’origine, il en découlait dévouement et loyauté chez les employés, souvent héréditaires.

Le vice de ce système, était que les cadres ne chassaient que dans leur catégorie socioprofessionnelle, ou éventuellement chez les agents de terrains pour une aventure passagère ; bref, la majorité des gens étant à la recherche d’un bon mariage ou d’une aventure avec un partenaire canon, le mécano aux jambes d’acier avait toutes les chances de rester sur la touche.

Mais Simon n’avait rien de mieux à faire de son samedi, il n’y avait pas de match et il n’était pas de garde à Pendelton ; il s’habilla après une toilette rapide et laissa un petit mot sur le comptoir de la cuisine américaine.

L’ambiance au centre associatif était détendue, mais le cœur n’y était pas pour Simon ; était-ce l’angoisse de retourner à l’appartement ? Où l’appréhension de la prochaine connerie que ferait Lena pour se rabibocher avec lui sans en avoir l’air ? Il ne lui avait pas menti, il aimait vraiment cette petite peste, mais pas à la façon dont elle l’aurait voulu. Simon regardait le grand hall empli de lumière, du bruit de l’eau et de la senteur des plantes, soupirant devant un thé devenu froid.

_ Simon ?

Il se tourna et reconnut Angela, elle s’était laissé pousser les cheveux, cela lui allait bien ; au nombre de sacs dans ses mains, elle devait en être à son quatrième magasin.

_ Salut Angie.
_ Et bien, ça n’a pas l’air d’être la grande forme.
_ Un conseil pour Mike et toi, réfléchissez bien avant de faire des gosses ; ça vous file un coup de vieux terrible !
_ Je peux voir ça, alors dis-moi, que fait Simon Pelles par un si bel après-midi ? Il y a une guerre dans le coin ?
_ Très amusant… Et bien non, je consultais le programme du club de rencontres par activités.
_ En chasse ?
_ Affamé, ma belle.
_ Ne perds pas ton temps, je vais te fixer sur une de mes copines ; je met ma main à couper que ça fera des étincelles entre vous deux.
_ Elle est mariée, none ou agent du renseignement militaire chinois ; enfin y a-t-il un truc que je devrais savoir à son propos ?
_ C’est un coup bas Simon, mon offre est à prendre ou à laisser.
_ Je suis preneur, tu devrais le savoir.
_ Synchronise ton bracelet avec le mien, je te passe sa fiche contact.

Se rapprocher d’elle était une délicieuse torture, son parfum léger et sportif ramenait à la surface les souvenirs d’un après midi très agréable, il y a des mois de ça. Simon était vraiment dans l’urgence hormonale.

_ Rebecca Zermati… Un conseil, ou ton avis en tant qu’amie, elle est comment ?
_ Becky est vraiment une fille pour toi…

Angie s’arrêta devant la mine mi amusée, mi défaite de son interlocuteur.

_ Quelque chose ne va pas ?
_ Connerie superstitieuse, j’avais une ex du nom de Becky et ça s’est mal passé ; mais ça ne veut absolument rien dire, ça m’a juste surpris sur le coup.
_ Vous avez cinquante pour-cent de chance pour vous détester ou de vous adorer, vous avez tous les deux un caractère de merde.
_ Merci bien…
_ Laisse moi finir, c’est une brune latine immense et toute en courbes.
_ Tu sais définitivement parler aux hommes Angela.
_ Bon, il faut que je file, appelle la !
_ Sans faute, mon bonjour à Mike.

Simon sauta sur l’occasion, Angela à peine partie, il appela Rebecca ; l’introduction fut rapide et chaleureuse, visiblement Angie avait du parler de lui à tout son entourage… Restait à savoir jusqu’où les confidences étaient allées. Il s’avéra que Rebecca n’était pas difficile, elle se proposa de réserver au restaurant le soir même. En raccrochant, Simon était guilleret, Becky deuxième du nom avait une voix assez sensuelle pour faire lever les morts.

De retour à l’appartement, Simon fut surpris de trouver une enveloppe avec une lettre manuscrite en réponse à son mot ; tout d’un coup il craignait le pire, la fugue étant probablement la réaction la plus probable. Mais vérifiant la chambre de Lena, il trouva toutes ses affaires encore sur place ; abandonnant sa veste sur le fauteuil, il s’assit pour lire la missive de sa pupille.

Simon,

Je suis désolée de m’être énervée comme ça, je sais très bien que dans les circonstances tu fais du mieux que tu peux ; mais ça ne me suffit pas. Tu donnes et tu reprends ; tu interdis puis tu transgresse tes propres règles, que suis-je sensée comprendre ? Tu le dis toi-même, je suis très mure pour mon âge, il serait temps que tu le réalises vraiment. Ton excuse de l’âge est bancale, ça ne te dérange pas de sortir avec une fille qui a vingt ans de moins que toi par ce que physiquement ça ne fait pas grande différence, et que légalement ce n’est pas répréhensible ; mais si tu n’avais pas eu ton accident, si tu étais resté là-haut et que de retour dans quatre ans ou plus, tu m’avais rencontrée, est-ce que ça n’aurait pas été la même chose ? Tu voudrais que je pense que ta religion ou ton métier te poussent à agir différemment mais ce sont des foutaises. Alors peut-être que, tout simplement, tu ne m’aimes pas ; je n’arrive même pas à croire que je t’écris ça… Je ne sais plus quoi faire, parfois je regrette même de ne pas être partie pour les colonies ; à mon retour les choses auraient peut-être été différentes. Mais personne n’a de baguette magique pour me donner quatre ans de plus, si c’est tout ce qu’il te faut. Ca ne sert sûrement à rien, j’ai déjà tout fait pour essayer de te le faire comprendre, mais je te le dis quand même : je t’aime comme personne ne t’aimera jamais, tu es un imbécile borné pour ne pas t’en apercevoir.

Je vais prendre mes distances quelques temps, ça nous réussit toujours ; pour que tu t’arraches ces idées stupides de la tête, sache je ne vais pas jouer à la poupée ce soir, mais plutôt m’envoyer en l’air comme une bête.

A bon entendeur,

Lena

« Ne va pas la chercher, c’est exactement ce qu’elle attend… De toute façon, ce soir tu as un rendez-vous. »

Mais autant parler à un mur, le subconscient de Simon le travaillerait au corps toute la soirée ; et ça n’avait rien à voir avec l’approche de la mort qui généralement décuplait son appétit sexuel jusqu’au désespoir, non, il y avait des chances en cas de conclusion, que son inquiétude « paternelle » du moment ne lui coupe simplement tout effet.

Simon imagina fugitivement avoir des flashs concernant Lena alors qu’il serait dans le lit d’une femme, il en eu un frisson et les paumes moites… Il fila au frigo et s’ouvrit une bière, mettant de la musique pour dépolluer un peu son esprit embrumé.
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