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Last stand

Les Hell’s étaient sur les dents, et bientôt sur le sentier de la guerre ; Lena ne reconnaissait pas dans l’attitude pleine de colère de ces gens, les gars sympa qu’elle avait appris à connaître en traînant dans l’arrière salle du billard « Blackpool ».

Sur les tables, des armes et des boîtes de munitions ouvertes… Dans son coin devant l’omni-desk que lui avait dégotée la grande Alice, Lena avait achetée une boîte noire jetable pour l’occasion ; et le programme retraçait le chemin qu’avait pris l’e-mail contenant les photographies du corps de Hans.

Alice avait rangé son tailleur, il aurait besoin d’un sérieux passage chez le pressing ; elle enlevait le maquillage utilisé pour masquer ses tatouages, jetant régulièrement un coup d’œil dans la salle depuis son petit cabinet de toilette. Elle fascinait Lena, c’était un modèle ; forte et libre. La jeune femme tourna la tête pour ne pas trahir son intérêt alors que le leader des Hell’s s’approchait de son coin.

_ Du nouveau ?
_ Ca avance, j’ai obtenu l’index du serveur d’origine ; il faut juste que je le superpose à la grille des accès du complexe… Ma première estimation situe le point d’accès dans la vieille ville.
_ C’est du bon boulot, continue comme ça.
_ Je peux te poser une question Alice ?
_ Shoot.
_ Qu’est-ce qui t’as fait changer de vie, je veux dire avant tu étais une avocate, ça doit bien payer non ?
_ A défaut d’autre chose, oui… Ce n’était pas un boulot inintéressant, mais au bout de quelques années je me suis demandée si je voulais vraiment finir ma vie comme ça ; dans une maison luxueuse mais un peu impersonnelle, à devoir prendre rendez-vous pour voir mes amis, à savoir de quoi demain, voir les semaines à venir, seraient faites.
_ Ras le bol, donc ?
_ Ca et l’illusion que la vie devait être vécue comme un roman de Kerouac. C’est le cas de certains d’entre nous ici, tu trouvera une pelletée de gens cultivés parmi ces gros bras ; Hard Boiled par exemple était professeur de sciences naturelles, mais ne va pas lui dire que je t’ai raconté ça.
_ Marre du système, j’imagine.
_ Et toi Lena ? Qu’est-ce que tu veux faire de ta vie ?

Alice était trop habile pour en dire plus ; le ton dans sa question était assez ironique pour marquer le fait, qu’elle désapprouvait l’attachement de sa cadette pour le militaire croisé au dépôt de la Securitas.

_ Je n’en sais rien, tout ce que je sais c’est que comme toi, je n’ai pas envie de la finir seule.
_ Qu’est-ce qu’il y a entre ce type et toi ?
_ Simon ? Rien, il a trois fois mon âge tu sais.
_ Alors tu te cherches un papa ?
_ Il n’y a pas de mal à se fabriquer une famille de substitution.
_ Tu risque de regretter d’avoir un père marine, surtout une fille aussi indépendante que toi.
_ Ca va, j’ai bien compris que tu n’aimais pas les uniformes, Simon est un brave gars, hors-limites, donc la discussion à son sujet est close. Ma parole, on dirait que tu es jalouse !
_ Et si je l’étais ?

Lena se sentit comme un souris face à un chat, Alice avait un air dangereux en disant ces mots ; un moment inconfortable passa avant que le bip de l’omni-desk de l’interrompe ; Alice finit par partir d’un grand rire devant l’air manifestement soulagé de sa cadette.

_ Je l’ai, l’ancienne galerie commerciale au Nord de Watts.
_ Exactement à côté de l’endroit où ces quatre flics se sont fait dessouder récemment… Ca va pas être de la tarte.
_ Qu’est-ce que vous allez faire Alice ?
_ Les tuer, mais pour ça il nous faudra un coup de main… les Boyz ne sont pas le seul gang de Watts, et le voisinage verra mal que des blancs se pointent pour rectifier certains des leurs.

Alice composa le numéro de Luis, il allait pouvoir payer sa dette, la guerre était déclarée.

Jimmy Dee était assis sur un des caisses contenant des lance-roquettes, il écoutait avec horreur les explications du type qu’on appelait à présent « Gunner ».

_ C’est comme ça Jimmy, ils vous ont lâchés et ça ne va pas s’arrêter là, ils voulaient me faire plonger pour une raison inconnue… Ils devaient bien se douter que je viendrai prendre mes informations ici. Tu peux t’attendre à voir débarquer des gens armés jusqu’aux dents, il va falloir vendre chèrement ta peau.
_ On est foutus mec, on sortira jamais d’ici.
_ Si tu le prends comme ça, c’est clair, tu ne t’en tirera pas ; mais si tu as les crocs, envie de vivre et d’envoyer dans la tombe autant de ces salauds que possible, tu pourra y arriver. Tout d’abord, on va redéployer vos sentinelles, et ensuite, on ira faire joujou avec des explosifs, tu va adorer ça.
_ Le prends pas mal, mais si j’avais voulu jouer à la guerre, j’aurai signé pour les colonies.
_ Ca c’est vraiment trop con Jimmy, parce que la guerre vient frapper à ta porte que tu le veuilles ou non.
_ D’accord Gunner, mais c’est moi le patron ; Jimmy Dee n’a pas de maître blanc, je veux pas qu’on dise ça si je dois casser ma pipe aujourd’hui… Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Le grand type se leva, avec ce regard qui fichait une trouille bleue à Jimmy… La bonne nouvelle, c’est qu’ils étaient dans le même camp, ou tout du moins dans la même mouise, à présent.

_ On va transformer ce centre commercial en un piège mortel.

Les Golden Boyz avaient les armes et les hommes ; peut-être manquaient-ils d’entraînement, mais l’avantage du terrain compenserait la chose.

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Page vue 61 fois, créée le 12.07.2007 21h28 par guinch
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