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Francis désespérait, assis dans la salle de médiation du dépôt avec Lena et le collègue du programme « deuxième chance » de la Securitas. Enjoué et dynamique, celui-ci vendait point par point son boniment à la gamine ; le prêtre se sentait sali de participer à ce genre de pratiques. Il lui avait offert un bon repas chaud, l’avait logée dans un logement confortable tout en l’ayant faite passer devant les cellules du dépôt ; bref…

_ Vous signez un premier contrat avec le programme jusqu’à vos dix-huit ans, le but est l’obtention d’un diplôme, une base de qualifications académiques ; à ce moment vous pouvez renouveler le contrat pour obtenir une qualification technique supérieure, ou bien étudier nos propositions d’emploi à ce niveau de départ.
_ Emploi hors-sol, j’imagine ?
_ En effet, un contrat hors-sol de cinq ans pour les affectations dans le système solaire ou bien de dix ans pour les postes dans les colonies au delà de la ceinture. Financièrement, les affectations hors-sol sont très intéressantes ; et comme nos installations sont souvent fixes, vous recevez un traitement plein, avec les primes d’expatriation.
_ A votre niveau « de base », quels emplois sont proposés ?
_ Ressources humaines, assistance sociale et soutient du personnel.

La dénomination officielle pour prostituée de la compagnie, Francis fut soulagé de voir que Lena en avait pleinement conscience.

_ Et quelles sont les conditions permettant de poursuivre vers une qualification technique supérieure ?
_ Une simple évaluation afin de vous orienter vers votre domaine de prédilection… Je dois cependant vous dire que votre morphologie n’est pas celle d’un agent de terrain, si c’est ce qui vous intéresse ; mais nous avons des postes de techniciens spécialisés, vous aimez l’informatique ?
_ Oui…

L’homme était habile.

Pendant ce temps, un ascenseur descendait vers les niveaux souterrains du complexe Securitas, et donc, le dépôt ; essayant de ne pas se regarder, ses deux occupants se plongeaient dans la contemplation des fonds océaniques qu’affichaient les murs matriciels de la cabine d’ascenseur… Il y eut une sonnerie et la voix synthétique de l’intelligence artificielle du complexe les avertit de leur arrivée.

_ Niveau inférieur quatorze, zone de transfert et de détention ; Securitas vous souhaite une excellente journée.

La salle d’attente du dépôt central, la majorité des détenus étaient triés en amont par les postes de commandement des districts ; aussi l’endroit ne ressemblait-il pas au zoo des cellules des districts de la ville. C’était une salle d’attente plutôt vaste, on voyait bien que tout était en matériel plastique pouvant être nettoyé d’un coup de jet d’eau sous pression, mais la lumière du lieu était apaisante… Emulation de lumière naturelle, pas de doute.

Simon prit le temps de détailler la personne sortie de l’ascenseur en même temps que lui ; une très grande femme blonde, dans un tailleur extrêmement chic, elle respirait un air important. Devant la machine distribuant les codes de file d’attente, Simon s’écarta pour la laisser passer.

_ Après vous.
_ Merci.

Elle était surprise, la galanterie était un concept vieille école qui ne survivait plus que dans certains cercles, et encore… L’égalité était devenue indifférence au sein de la société moderne. Mais l’homme portait un uniforme des marines ; on enseignait à ces gens-là qu’il fallait demander l’autorisation avant d’aller aux toilettes, qu’on pouvait tuer mais qu’il était préférable d’éviter de blasphémer, et que les Etats-Unis d’Amérique étaient un paradis sur Terre où les politiciens sont honnêtes.

Il n’y avait pas grand monde avant eux, une demi-douzaine de personnes qui défilèrent au guichet ; puis ce fut le tour de la grande femme blonde, et le marine suivit avec une rapidité surprenante.

Lena était prête à signer, elle avait confiance en ses capacités, elle pourrait sûrement éviter le « contrat au niveau de base », qui signifiait esclavage à durée déterminée ; elle se préparait à apposer ses empreintes biométriques quand une femme fit irruption dans la salle dans un bruit de talons aiguilles imposant déjà sa présence.

_ Arrêtez tout !

Les deux agents de la Securitas se tournèrent vers la nouvelle venue, l’un d’eux assez mécontent.

_ Qu’est-ce que vous voulez ?
_ Je suis maître Veckman, l’avocat de mademoiselle Frances… Et dans son meilleur intérêt, je lui conseille de ne pas apposer sa signature sur ces documents sans m’avoir consultée.

Lena sauta sur ses pieds, elle avait envie d’étreindre la nouvelle venue mais ne voulait en aucun cas briser son effet… Et puis elle l’intimidait aussi un peu.

_ Alice !
_ Un moment Lena, messieurs, j’aimerai m’entretenir avec ma cliente en privé, vous permettez ? Ah, et selon la jurisprudence Etat de Californie contre Ares Firearms, je souhaiterai la preuve que notre conversation n’est pas enregistrée, bien sûr.

De mauvaise grâce l’homme du programme acquiesça et remballa ses affaires, il croisa Simon à la porte, tentant de lui expliquer qu’il devait sortir, mais se heurta à son épaule avant de pouvoir parler. Francis resta surpris de voir son ami arborant son uniforme, et finalement, Simon parvînt jusqu’à Lena.

_ Eh, môme.
_ Simon ! Décidément, c’est le jour des surprises ! Oh, tu as été à un enterrement ?
_ Non, j’ai de bonnes nouvelles.
_ Ca devra attendre un peu je crois, je te présente mon avocate, maître… Alice ?

Elle tendit une poignée de main très ferme à Simon, surpris ce dernier remarqua du fond de teint sur les bords intérieur des manches de chemise de l’avocate.

_ Alice Veckman, enchantée monsieur Pelles.
_ Tout le plaisir… Et la surprise sont pour moi, maître.
_ Si vous voulez bien nous donner un moment, j’étais sur le point de discuter de façon privée avec Lena.
_ Bien sûr, je serai dehors.

Simon rejoint Francis dans le couloir ; Alice s’assura de l’absence de systèmes d’écoute grâce à un petit gadget d’avocat en forme de stylo, puis ne prit pas même le temps de s’asseoir.

_ Lena, j’ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.
_ Bien sûr Alice, de quoi s’agit-il ?
_ Ecoute, Hans est mort…

Lena s’assit doucement, elle ne se faisait pas au rythme élevé des décès autour d’elle, Hans lui avait sauvé la vie, il s’était toujours montré sympa et ne la traitait pas comme une gosse.

_ Lena, j’ai besoin que tu retraces la provenance d’un e-mail pour moi.
_ Si ça peut t’aider à retrouver ceux qui ont fait ça.
_ Sûrement, et je sais que tu ferai ça pour Hans, mais je te donnerai de l’argent ; assez pour que tu puisses te débrouiller sans avoir à te vendre à ces porcs des compagnies.
_ Je le ferai.
_ Dans ce cas, on se tire d’ici ; j’ai une voiture qui nous attend dehors… Ne dis rien à ton ami Pelles, je ne veux pas d’uniforme impliqué dans nos affaires.

Elles firent leur sortie, l’homme du programme était déjà parti visiter d’autres candidats ; la grande Alice s’adressa donc à Francis.

_ Je crois que ma cliente a déjà fait sa déposition pour le crime dont elle a été témoin, elle peut donc quitter vos locaux ?
_ Certainement, mais Lena, Simon avait quelque chose à te dire.

Lena se tourna vers Simon, lequel fit l’effort de se lever de la chaise où il était assis.

_ J’ai comme qui dirait trouvé du travail, Lena ; ça peut s’assortir d’un logement à San Diego et de l’accès à des tas de programmes affiliés au régime gouvernemental, tu n’es plus obligée d’entrer dans un programme corporatif.
_ Qu’est-ce que tu as fait ?
_ Et bien d’une étrange façon, mon copain Kurt m’a renvoyé l’ascenseur… Je suis de nouveau chez les marines.
_ Tu vas repartir ? !
_ Pas de risque avec mes guibolles en métal, non ; on va probablement me coller derrière un bureau, faire de moi un recruteur ou un instructeur.
_ C’est chouette… Ecoute, il faut que j’y aille là...

Lena était étourdie, ça faisait bien trop de nouvelles en si peu de temps ; ce vieil ours mal léché était finalement revenu pour elle… Mais elle devait d’abord aider à venger Hans.

_ Surtout ne change pas d’avis Simon, je t’appelle dès que j’ai mis mes affaires en ordre ; c’est juste un petit problème familial à régler et après on pourra se commander une pizza, je te trouverai une femme bien et on emménagera dans un bunker à l’épreuve des balles !

Elle disparut avec son avocate, laissant Simon dubitatif et Francis amusé.

_ On dirait que notre seigneur t’as encore à la bonne, Simon Pelles, il t’accorde un délai avant de te replonger dans les ennuis.
_ Pas forcément Francis, cette femme avait quelque chose d’étrange… Et je ne connais aucune famille à Lena ; tu veux bien faire une recherche sur cette Alice Veckman ?
_ A tes ordres, mon général.
_ J’ai un très mauvais pressentiment à propos de tout ça…

Les pressentiments de Simon Pelles annonçaient rarement de bonnes choses, et ils étaient souvent d’une justesse déprimante.

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Page vue 57 fois, créée le 12.07.2007 21h28 par guinch et modifiée le 23.07.2008 01h38 par guinch (#2)
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