L’endroit est loin de tout, pas de voisins ; ils découpent le grillage, c’est un jeu d’enfant ; armes au poing et bandanas sur le visage, ils entrent un par un du côté périphérique du garage.
_ Easy, man.
Les trois hommes se dirigent vers le garage, ils se sentent invincibles et excités ; il y a les stimulants et puis ces flingues qui sont énormes. Ils s’arrêtent, l’un d’eux s’attaque à la petite porte de service ; une impulsion électromagnétique et le verrou cède.
Ils entrent, chaque bruit résonne comme dans une caverne, ce truc est plus grand vu de l’intérieur, sûrement un effet des lampes torches ; alors qu’ils avancent, un vieux projecteur halogène monté sur un préfabriqué les éblouit ; un chien à l’intérieur se met à aboyer.
_ Merde.
Des bruits, l’intérieur du préfabriqué s’illumine ; un signe de tête et les trois gangsters s’accordent pour vider un chargeur sur le préfabriqué, vraiment facile, comme dans un film. Entre le staccato des fusils d’assaut et la pluie d’étincelles à l’impact, c’est un grand moment… Jusqu’à ce que le téléphone de Dan sonne, Chalky est complètement affolé, le coup de Lakeside a foiré et les flics vont débarquer.
Hans bondit, il enfile son froc et cherche vite le pistolet ; c’est la panique mais les coups de feu sont à une certaine distance, quelque chose amortit le son, ça doit être à l’intérieur du garage. Accroupi, Hans regarde par dessus les sièges de la cabine, personne ; il enfile ses chaussures sans les lacer, sort et va taper à la fenêtre de la caravane.
_ Lena, c’est moi, Hans ; sors-vite !
Les lumières automatiques se sont allumées, saloperies ! Entre ça et la guirlande ils vont se faire repérer rapidement, si ce n’est pas déjà fait. Lena sort en hésitant ; Hans l’agrippe fermement et l’entraîne en courant vers la casse. Ils se cachent derrière une épave.
_ Tu as un portable ?
Elle montre son poignet, cette petite n’enlève même pas son ordinateur personnel pour dormir… Une chance.
_ J’appelle les flics ?
_ Ils sont pas levés à cette heure-ci, laisse moi faire.
Il pianote le numéro, ce n’est pas son portable, ça devrait être sans danger pour quelques minutes au moins.
_ Allo ?
_ Alice, c’est The Crane ; je suis dans la merde, ça tire de partout.
_ Tu es où Crane ?
_ Jupiter Garage, là où je bosse…
_ Bouge pas, on arrive tout de suite !
Elle coupe, ils devaient être au bar ; en moto ils devraient arriver rapidement. Hans grogne, de peur et d’énervement ; il n’avait rien demandé à personne. Mais il connaît les flics, c’est lui la cible, s’il y a coups de feu et meurtre, il est bon pour la taule ; et la taule, il n’y retournera jamais.
_ Je suis désolé pour tout ça gamine, je voulais pas vous causer d’ennuis.
_ C’est pas ta faute Hans, c’est moi qu’ils veulent tuer, j’en suis sûre !
_ Va savoir avec ces têtes à Crack, mais on les laissera pas nous avoir, pas vrai ?
Elle essaye d’être courageuse, c’est bien… Il suffit qu’ils restent cachés assez longtemps pour que les gars de la grande Alice arrivent. Les minutes passent comme des heures, il fait subitement très froid ; puis une horde de motos arrive, le bruit de la grille qui s’ouvre et les motos qui approchent. Des gars en blouson noir avec des flingues apparaissent près des caravanes. Hans tire Lena derrière lui et les rejoint en courrant.
_ Ca va, Crane ?
_ Ouais, je pense que ces blaireaux ont flingué le vieil Ed, un petit chinois, dans la garage mais ont complètement oublié de vérifier l’arrière du bâtiment.
_ Je crois qu’on les a croisés sur la route, ils avaient l’air drôlement pressés ; les flics sont en chemin.
_ On les a pas appelés pourtant… Faut que je me casse d’ici, vous pouvez annuler ma puce d’identité ?
_ Pas ici, mais on va isoler le signal jusqu’à ce qu’on la grille ; amène-toi !
_ Faut prendre la petite, on peut pas la laisser là.