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Shotgun

From : simonpelles@usmc.usmilitary.gov
To : jaimerosado@avalon.net

Jaime,

J’espère que tout va bien de votre côté, ici... Difficile à dire. J’ai du suivre vos conseils, car j’ai à présent une aventure avec ma kiné ; notez la formule, j’ai eu la surprise d’apprendre après coup qu’elle était fiancé, quoi qu’à bien y penser, des amis avaient essayé de me prévenir.
J’ai renoué avec ma masculinité, c’est sûr, je me sens mieux ; mais d’un point de vue moral, je ne peux pas dire que je sois fier de moi. Et pourtant, je pense continuer à la voir, elle me fait du bien. En dehors de ça, les choses sont tendues ; le boulot avance lentement et je ne me sens pas en sécurité.

Prenez soin de vous,

Simon.


From : jaimerosado@cyberlink.net
To : simonpelles@usmc.usmilitary.gov

Bonjour Simon,

Je suis désolée de lire que vous n’êtes pas heureux de votre situation actuelle, vous auriez du me parler de l’avis de vos amis sur cette femme, j’aurai pu vous conseiller différemment alors. Vous portez un jugement un peu dur sur vous-même, il existe un gouffre entre nos principes et la réalité de nos vies. Quoi qu’il en soit, vous allez devoir repenser votre position et l’adapter à vos attentes morales, si vous ne voulez pas souffrir de votre relation avec votre kiné.
J’ai lu, il y a peu, des choses alarmantes sur la sécurité à San Drad ; je ne saurai que trop vous conseiller la prudence, la liberté a un prix.

A bientôt,

Jaime.


  • Lakeside District, Complexe Urbain de San Drad, Terre.
  • 6 Octobre 2054
  • 00:32 Heure Locale

«Le prix de la liberté est une éternelle vigilance», Simon Pelles eut le loisir de penser à la justesse de cette citation lors de cette terrible nuit.

C’était un de ces moments, comme en patrouille, où l’on devine que quelque chose ne va pas ; Simon venait juste de rentrer chez lui, relisant le dernier message de Jaime. Il alluma, l’appartement était désert et silencieux… Dans le couloir, un léger tintement de carillon synthétique attira son attention ; un simple coup d’œil révéla que l’afficheur, d’habitude éteint, de l’ascenseur clignotait.

Aucun des rares occupants du bloc B de Lakeside n’empruntait plus l’ascenseur, tous savaient qu’il tombait régulièrement en panne. Simon hésita quelques secondes, puis retourna dans son appartement en verrouillant la porte ; il saisit le fusil dont il avait fait l’acquisition dans le placard et en déplia la crosse.

«Ce n’est peut-être qu’un bon vieux cas de paranoïa urbaine tout à fait normal.»

Mais il avait appris à se fier à son instinct, ce qui lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises ; il engagea le magasin externe et fit monter une cartouche de douze dans la chambre. La porte coulissante de l’ascenseur grinça horriblement, des voix étouffées firent entendre ce qui devait être des jurons… Le doute n’était plus permis, Simon distribua des commandes vocales à l’omni-home.

_ Engager playlist rétro, volume trente… Appel d’urgence sur Francis et Milo portables, extinction plafonnier dès ouverture de la porte d’entrée.

Son cœur battait plus vite, Pelles attrapa la lampe de chevet à côté du canapé, et tortura le flexible pour la braquer sur la porte ; là, il l’alluma. Puis il se déporta sur le côté, à l’angle du couloir menant à sa chambre.

Il y a un petit bruit, ils ont probablement un démonte pneu hydraulique pour ouvrir la porte ; Simon souffle un grand coup et épaule son arme, visant l’encadrement de la porte. Il s’est accroupi avec peine, et a verrouillé les articulations de ses prothèses ; il ne pourra pas bouger, il a intérêt à ne pas se planter.

Craquement sinistre, coup de pied et porte qui claque.

Un coup de fusil, corps qui tombe et gargouillis.

Jurons, coups de feu multiples, tac à tac familier d’un fusil type 14 chinois en tir automatique, bris d’objets divers.

_ Vas-y, flingue le ce sale fils de pute !

Après avoir déblayé au hasard, le gangster enjambe le corps de son copain et se rue dans la pièce en hurlant de peur ; il tire sur le fauteuil et la lampe au milieu de la pièce, aveuglé ; Simon, à plusieurs mètres sur sa gauche, le vise au niveau des épaules, la décharge emporte une partie de sa tête alors que la lampe de chevet s’est éteinte. Silence, le canon rougeoyant d’une arme refroidit sur le tapis.

_ Tu l’as eu, man ?

Silence, Simon est prêt à allumer la lampe au xénon montée sous son fusil… L’adrénaline est au plus haut et il sourit en pensant à l’armurier, il devra remercier le commerçant. La peur est du côté du défenseur.

_ Loomy ? Putain… Qu’est-ce qu’on fait ? On y va ?

Ils sont donc encore plusieurs là dehors… Merde, mais que fait la cavalerie ?

_ File moi un de ces putains de trucs, je vais te le farcir moi, ton handicapé !

Déclic, c’est une grenade ; heureusement il hésite avant de la lancer, l’attente du type qui jette sa première cuillère. Simon bascule en arrière, se retourne sur le ventre… Il a trois mètres à ramper, et c’est trop long.

La grenade, une vieille fragmentation à billes d’acier, explose.

Souffle, sifflement des projectiles éclatant tout sur leur passages ; ricochets sur les prothèses en métal de Simon et douleur aigu de ceux qui déchirent les chairs. Simon est sonné mais se force à rouler sur le dos, la musique s’est tue alors que l’omni-home a été pulvérisé ; bruit de pas prudents sur des vestiges de meubles et de vaisselle. Simon empoigne avec détermination son fusil, il ne partira pas seul ; les pas sont à présent presque inaudibles, il est sur la moquette du couloir, Simon incline son canon à hauteur d’homme et tire. Le type tombe, Simon baisse son arme au niveau du sol et tire une autre cartouche.

_Nom de dieu…

La voix du couloir est presque larmoyante, des sirènes de police vont grandissant et finalement le type du couloir détale à toutes jambes. Simon est tenté un instant par se reposer sur le sol, puis il engage la sécurité de son arme et rampe dans la chambre en gémissant de douleur.

Quelques minutes plus tard, des bruits de pas lourds dans l’escalier.

_ Securitas !
_ Dans la chambre !

Les flics font irruption, Simon a allumé et s’est mis sur le ventre, les mains sur la tête ; il n’a pas envie que ce soit un flic qui le descende.

_ Je suis le locataire, c’est mon arme sur le sol ; c’est avec ça que j’en ai tué trois… Je crois que je suis blessé.
_ Ne bougez pas, on appelle un ambulance.
_ Envoyez une patrouille au Jupiter garage, sortie 14 ; j’ai des amis là-bas et ils pourraient s’en prendre à eux.

Simon se laisse enfin aller et ferme les yeux, il a mal, il saigne… C’est bon signe, il est vivant et sa colonne vertébrale artificielle fonctionne encore.

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