La patrouille de soldats de l’APL progressait vers le haut de la colline, le lieutenant Zhong était satisfait de ses hommes ; malgré leur jeunesse, ils étaient avides d’apprendre et très disciplinés. La colonne était déployée en tirailleur, chaque homme gardant son arme pointée sur un flanc et ne faisant que très peu de bruit ; la peur de la mort infusait la sagesse chez ces jeunes gens, d’habitude turbulents. Zhong était un homme fier, il aimait son pays et l’incroyable développement de ce dernier durant les quarante dernières années ; il regrettait juste que son devoir ne l’éloigne de sa famille pour de si longues périodes, mais il fallait arrêter les américains et leurs commanditaires privés avant qu’ils ne s’accaparent toutes les ressources des colonies, qu’ils ne tentent d’imposer leur modèle à l’univers tout entier. Il n’y a pas si longtemps, ces mêmes gens courtisaient la Chine pour lui vendre leurs merveilles. L’ouverture vers de nouveaux mondes avait causé des conflits, dont celui-ci, c’était inévitable. Le lieutenant passa après son homme de pointe, six mètres au dessus d’eux, ce qui aurait pu être un tronc d’arbre ouvrit les yeux.
La survie d’un peloton d’infanterie tenait pour beaucoup à la qualité de son homme de pointe, exposé le premier à tous les dangers, son rôle était de les détecter avant qu’ils ne se révèlent d’eux même. Sur New Boston, les feuilles mortes formaient un tapis bruyant et pouvant cacher bien des choses. La boue gardait longtemps les empreintes de pas, surtout de bottes de combat à crampons ; et les branchettes se cassaient, indiquant la direction de celui qui était passé par là. Les animaux étaient aussi une bonne source d’informations, les volatiles chantant, mais déguerpissant rapidement en la présence d’un homme armé.
La connaissance du terrain, celui-ci étant dense et offrant du couvert, se révélait donc primordiale dans la lutte pour le contrôle de New Boston. L’APL avait pour elle le nombre, l’équipement et le contrôle d’une partie du ciel. Comme sur nombre de colonies, peu de troupes étaient nécessaires pour une occupation réussie ; seuls les centres d’exploitation et les campements nécessitaient la présence d’une garnison.
Très tôt, le capitaine Cable avait naturellement pris le commandement de la force de résistance 237 composée de ses marines et des Irish Guards du lieutenant O’Flaherty. Cable, en habitué des tactiques de guerre non conventionnelles, avait décidé d’une stratégie de guérilla ; les quelques marines spécialisés en la matière de son peloton, formaient le reste des soldats de la force à opérer selon les règles propres à ces petites unités d’embuscade mobiles et discrètes.
Parti en patrouille en dehors du périmètre de la base 237, le peloton du lieutenant Zhong était la cible rêvée, sans possibilité de renfort rapide, pour une telle embuscade. Notre tronc d’arbre, le marine Estevez, respirait si lentement qu’il était difficile de le croire vivant. Il attendit que les derniers membres du peloton ennemi passent sa position pour dégoupiller sa grenade, puis elle vola en plein dans la formation ennemie.
Une deuxième explosion frappa la colonne chinoise quasi simultanément, quelques coups de feu venus de positions différentes occupèrent les valides, puis il n’y eu plus rien à part les gémissement et les cris des blessés.
Le lieutenant Zhong contemplait avec fureur les morts et blessés de son peloton, les reste de ses hommes avait sécurisé la zone. L’infirmier stabilisa les blessés et on appela un VTOL pour les évacuer vers la base.
Disposés chacun à l’opposée de la position de l’embuscade, les gardes irlandais épaulèrent leurs lance-missiles sol-air, et attendirent que la navette ennemie se positionne en vol stationnaire pour hélitreuiller les civières. Alors, après avoir déjà positionné leurs armes visuellement, ils activèrent les autodirecteurs infrarouges ; et tirèrent. Ce fut une cible facile.
A partir de là on pouvait s’attendre à deux choses de la part du commandement Chinois; la première serait l’installation d’une batterie d’artillerie sur la base 237, la seconde serait l’accompagnement de chaque VTOL d’évacuation médicale par au moins un gunship. Mais la peur était là, désormais ; la force de résistance tenait le manche du couteau.