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Guns r' us

 

  • Plage de Venice, Complexe Urbain de San Drad, Terre
  • 24 Septembre 2054
  • 13:40 Heure Locale

Duck ne sentait pas ce coup, il aimait frimer mais ça s’arrêtait là, son truc à lui c’était la fraude informatique, pas le meurtre… Quand les coups de feu éclataient, il était le premier à se mettre à l’abri, d’où le surnom infamant dont le gang l’avait affublé. Mais voilà, dans le gang, le respect était au prix du sang à présent. Chalky et lui suivaient donc l’armoire à glace venue de Mars ; d’après Chalky c’était un coup facile, un gros ponte des Hell’s Angels, depuis longtemps hors du circuit, personne ne chercherai à le venger et ça ferait fortement impression chez les gars de Watts.

Chalky avait sorti son porte-bonheur pour l’occasion, c’était un vieux flingue chromé, une icône des films d’action du vingtième siècle ; un pistolet automatique israélien de très gros calibre… Ce truc était énorme, il faisait son effet, mais quand on voyait des gringalets comme eux s’en servir, Duck ne pouvait s’empêcher de se faire la remarque : ça avait quelque chose de ridicule. Le gros blanc entra dans un magasin de prêt à porter de la galerie marchande Lucky Dragon.

_On devrait faire ça dehors, je veux pas de soucis avec les chinois.
_Arrête de baliser Duck, ils ont que quelques loosers de vigiles ici ; et c’est plus chinois depuis longtemps ces putains de centres commerciaux… Tu trouve que ça a la tronche d’une épicerie de Chinatown, toi ?
_Déconne pas Derek, tu vois très bien ce que je veux dire, c’est pas la peine de faire ton cinéma de gangster avec moi, mon frère ; les autres sont pas là pour te regarder.
_Je vois surtout que t’as les foies, moi j’y vais, je veux pas continuer à être la risée du quartier, dans quelques minutes je serai un caïd, notes bien ça !

Chalky enfila sa cagoule et entra dans le magasin, d’une démarche tellement accentuée, qu’on eu dit un des chimpanzés du zoo de Biotech Wildlife.

Dans les films et clips musicaux à tendance gangster qui faisaient encore fureur en 2050, le héros entrait, ses bijoux brillants, l’air très cool et braquant son flingue énorme dans un angle improbable ; il tirait lentement deux ou trois fois avant de s’en retourner tout aussi cool, et sans aucun soucis au dehors. Seule ombre au tableau pour Chalky, ce n’était pas un film mais la réalité, et dans la réalité il n’avait encore jamais tué personne.

Le braqueur entra, manqua de glisser et se casser la figure, puis pointa son arme sur l’homme imposant qui lui tournait le dos… Hans se retourna, vit la gueule d’une arme et des yeux emplis de peur… Puis il entendit l’homme cagoulé hurler avant de s’effondrer au sol dans des spasmes répétés. Derrière son comptoir, l’air mécontent, le propriétaire du magasin continuait d’appuyer de le bouton contrôlant les décharges de son tazer. L’ironie du sort, voulut qu’il fut d’origine chinoise.

Il fallut attendre une patrouille de la Securitas qu’avaient contacté les vigiles du centre ; le môme qui s’était fait dessus, attendait dans le magasin, ligaturé comme il se doit avec du plastique mémoire. Hans et le patron du magasin firent leur déposition, les enregistrement de sécurité confirmèrent leur version, tout fut expédié en douceur avec visiblement la force de l’habitude ; les flics, demandèrent à Hans s’il croyait être encore menacé, et finirent par le raccompagner à son hôtel après ses emplettes. De retour à son hôtel, Hans savoura la douche et se changea, il reçut l’appel qu’il attendait une vingtaine de minutes plus tard.

_Hans Werter ?
_Lui-même.
_Simon Pelles, c’est Dekhard de chez Securitas qui m’a dit de vous appeler.
_Vous cherchez un mécano, c’est ça ?
_Electromécanicien, mais carrossier surtout.
_J’ai été technicien à la CM&T, puis mineur ; j’ai une certification zéro-G et exosquelettes classe deux… Je me débrouille plutôt bien en soudure, je faisais aussi de la customisation de bécanes avant.
_Bon, venez au garage, on fera un essai ; j’envoie l’adresse sur votre omni, vous pouvez passer dans l’après-midi ?
_Sûr.
_A plus tard, alors.
_C’est ça.

Ca s’était plutôt bien passé, même si Hans avait senti un truc de déplaisant dans la façon de parler de Pelles, pour être copain-copain avec des flics de la Securitas, il devait être un homme du système ; il sonnait plutôt psychorigide. Enfin, il était temps pour Hans de se payer son premier vrai déjeuner depuis quinze ans, puis de se trouver un flingue… le reste il verrait sur la digestion.

Hans se mangeait une glace, filtres UV collés sur le nez, il regardait passer les filles en maillot ; son contact arriva à pieds. Un type pas très grand mais plutôt costaud, tatoué, le crâne rasé et portant les fringues en cuir noir typiques d’un motard. Hans lui sourit et Theodore Hard Boiled Anderson lui offrit une poignée de main chaleureuse.

_ The Crane ! Viens, on va dans l’allée, je ne veux pas que les flics t’asticotent par ce qu’on cause.
_ Je te suis.

Ils se mirent hors de vue dans une des petites rues du front de mer, sous l’auvent de la porte arrière d’un restaurant de fruits de mer afin d’emmerder les satellites de la Securitas, puis Hard Boiled sortit l’arme qu’il avait amenée dans un petit sac de sport.

_ Voilà l’engin, dans le genre on fait pas mieux ; il est pas trop gros mais crache tout de même du magnum 44 HE, tu as dix balles dans le chargeur ; visée trois points sur le dessus, la lentille qui va avec se trouve dans le sac.
_ Génial, ce petit black m’a mis les foies ce matin ; sans le type du magasin, j’étais cuit.
_ Ouais, c’était plutôt calme depuis qu’on a signé la paix avec les mecs du bario ; les gangs de Watts ont du penser qu’on était devenus mous… Ils va falloir qu’on s’occupe d’eux si on veut que les latinos restent tranquilles.
_ Je te remercie, passe mes salutations à la grande Alice ; je vous revaudrai ça dès que j’aurai mis des ronds de côté.
_ N’y pense même pas Crane, tu es un héros mon pote, le seul Hell’s survivant de Mars… Dès que ta période de probation sera finie, tu reviendra à la maison ; on a une bécane avec ton nom peint sur le réservoir mon frère… Elle t’attendra.

Hans était ému, il baissa la tête, gêné mais Hard Boiled lui donna une bourrade dans l’épaule avant de filer.

_ Prends soin de toi.
_ Toi aussi.

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Page vue 59 fois, créée le 12.07.2007 20h54 par guinch
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