• Lakeside District, Complexe Urbain de San Drad, Terre
  • 24 Septembre 2054
  • 01:12 Heure Locale

Sa main glisse doucement hors du lit, touche la moquette sur le sol puis trouve finalement l’objet qu’elle cherche ; lorsque Simon Pelles se réveille enfin, sa main est sur la crosse de son pistolet, il tend l’oreille et identifie le bruit inhabituel qui l’a alarmé… Un grattement, distant et des sanglots. Il soupire et se redresse, n’allume pas la lumière, les diodes de chargement produisent assez de lumière pour qu’il trouve ses prothèses ; peu de temps après, il est debout et marche lentement jusqu’à l’entrée en s’aidant de sa canne. Un coup d’œil par le judas, il retourne à la commode et glisse son M1911 dans le tiroir avant d’allumer la pièce et déverrouiller sa porte.

_ Entre.

Il se pousse sur le côté et Lena entre dans le living-room à quatre pattes.

_ Installe toi sur le canapé, je vais te chercher une couverture.

Il évite de la quitter des yeux trop longtemps, une fois qu’elle s’est installée, il récupère discrètement son arme. Une fois recouché, Simon soupire, il est à présent totalement réveillé et la présence de Lena le renvoie aux événements qui ont entraîné la mort de sa copine, à la promesse qu’il a faite à Francis, à la situation qui se dégrade au fur et à mesure que le temps passe sut Terre.
Les pas traînants de la petite dans le couloir, elle contourne le lit et se glisse sous la couette.

_ J’ai peur.
_ Dors.

Elle se blottit contre son dos, ses jambes rencontrent avec réticence le métal froid des prothèses que Simon a oublié d’enlever. Le soleil se lève, la lumière orangée filtre à travers les volets mobiles dont les lames pivotent pour la laisser entrer ; Simon est levé, il consulte ses comptes bancaires dans le sofa, effectue des opérations… Se mord la lèvre en trouvant la marge de manœuvre très courte.

_ Salut.
_ Tu trouvera du café et des toasts sur le plan de travail.
_ Je vais y aller, je voulais juste te remercier et m’excuser de m’être incrustée chez toi comme ça… J’ai encore agi comme une gamine, pas vrai ?

Simon éteignit le projecteur trois-points de l’omni-home, puis se tourna vers Lena.

_ Petite, tu es encore une gamine ; tu aura tout le temps pour être une adulte plus tard.
_ J’ai plus le temps, à la fin de mois je serai à la rue… Et qui me dit que ces dingues de Watts ne vont pas essayer de me flinguer non plus ?
_ Tu vas aller travailler comme tous les jours, ce genre de parasite n’émerge jamais du pieu avant midi de toute façon ; ce soir, je viendrai te chercher à la sortie du boulot. Je dois voir des gens aujourd’hui, essayer de régler quelques problèmes ; on reparlera de tes soucis, ce soir.

Elle ne dit rien, se contentant de se remettre à sangloter ; renversant du café de sa tasse sans réagir.

_ Arrête de pleurer et déjeune, je t’accompagnerai en bas tout à l’heure.
_ T’es vraiment un enfoiré sans coeur.
_ Le pire de tous, tu pouvais pas mieux tomber.

Simon amena Lena jusqu’à l’épicerie, ne la quitta qu’une fois bien installée et prit le premier bus pour Old Civic Center ; dès que la banque déverrouilla son sas d’entrée, il fut le premier client.

_ Bonjour monsieur.
_ Simon Pelles, je viens pour fermer un compte épargne.
_ Etes vous bien certain ? Si le compte n’est pas à terme vous perdrez l’avantage…
_ Passez tout sur le compte courant, je vais avoir des dépenses ; et faites aussi valoir mon droit à la conversion de ces bons des forces armées.

Le banquier resta interdit devant une chose peu courante, des documents papiers à en-tête gouvernementale.

_ Tout de suite monsieur.

Vingt minutes plus tard, Simon franchissait la porte d’un armurier.

_ Salut, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
_ Il me faut un calibre douze semi automatique, crosse pliable ; j’aimerai que vous m’ajoutiez une poignée sous le canon, une cartouchière sur le côté de l’arme et une sangle courte.
_ Donnez moi cinq jours, si vous prenez deux boites de cartouches avec, je vous offre la flashlight axiale.
_ Je vais faire mieux, je vous prend les deux boites, une housse de transport , ce revolver dix millimètres que vous avez en vitrine et une boite de cartouches qui va avec. J’imagine que vous n’avez pas de calibre 45 HV ?
_ Non, c’est un peu spécial comme calibre ; une munition militaire tout de même.
_ Bon, et bien je vous prendrai un t-shirt kevlar taille L, des binoculaires multi-spectre, un kit de nettoyage pour fusil.

Simon fit le tour du magasin du regard, cherchant ce qu’il oubliait.

_ Vous partez en guerre ou votre quartier est vraiment pourri ?
_ C’est pour mon sommeil, je fais de mauvaises nuits en ce moment.

L’armurier rigola, en approchant le lecteur de puces sur le comptoir ; Simon passa son avant-bras droit au dessus de la machine, réglant ses achats et soumettant son identité pour le contrôle de l’ATF.

_ Je peux voir votre 45 monsieur ?

Simon obtempéra, ne pointant jamais le canon de l’arme autre part que vers le sol ; il enleva le chargeur et fit sauter la cartouche engagée dans la chambre. L’armurier manipula l’arme avec intérêt.

_ Colt, je ne pourrai pas vous dire l’année de production sans avoir à le démonter mais le travail des gars de Quantico sur ce joujou est impressionnant ; c’est une première main ?
_ Il ne m’a jamais quitté.
_ Je vous comprends, c’est légal ?
_ Oui et non, l’arme d’origine est privée, j’ai demandé le service à un ami de l’armurerie et disons qu’un canon à capacité HV a disparu du stock dans le cadre des opérations de maintenance. Il est enregistré comme un 45ACP standard. Je l’ai utilisé récemment et la Securitas ne m’a pas fait d’ennuis.
_ Vous ne le vendriez pas ? Je pourrais vous dégoter un Armatek tactical à la place, avec visée trois points à lentille, le même qu’utilisent les SWAT Securitas de San Drad ; vous savez, avec ça on dort aussi très confortablement.
_ Non, j’aime bien son poids et le son qu’il fait.
_ Dommage.

Mais Simon Pelles n’était pas le seul à faire des emplettes…