- Lakewood District, Complexe Urbain de San Drad, Terre
- 11 Septembre 2054
- 01:38 Heure Locale
Il cligna des yeux, agressé par la lumière du lampadaire qui entrait par la fenêtre, la bouche pâteuse et les membres engourdis, ces satanées prothèses pesant comme des ancres, se lever serait encore plus difficile après ça. Il fallait pourtant se donner l’impulsion d’atteindre le lavabo ou peut-être l’évier de la cuisine, se décidant pour la deuxième option Simon rechercha sa canne à tâtons, finalement équipé il prit appui sur le dos du divan et tenta de se redresser, lente entreprise…Tous ces efforts pour atteindre un putain d’évier.
A quelques mètres seulement la petite cuisine attendait, un tout petit coin avec deux chaises et une table carrée, le robinet cracha un filet d’eau glacée entre ses mains, le liquide ruisselant de son visage râpeux comme du papier-verre jusque sur son torse, le picotement adouci par les calmants fit tout de même son effet. Se décidant à allumer Simon alla vérifier que le carton contenant ses affaires était bien là où le livreur devait l’avoir laissé, le sceau de scotch était encore en place, tant mieux ; on ne pouvait être sur de personne à notre époque. Traînant d’une main lourde le carton sur le sol vers le divan d’où il pourrait en extirper le contenu sans peine, Simon remarqua la musique, elle filtrait à travers les maigres murs de l’immeuble, sûrement les jeune de l’appartement d’en face…Il avait un vague souvenir d’une jeune fille blonde.
_ Ca commence bien, j’ai une gueule à faire peur, ça suffit.
Complètement réveillé, Simon finit d’explorer le petit appartement ; une chambre avec placard mural, la salle de bains ne payait pas de mine non plus…Suffisant pour un homme seul ; un homme blessé comme il aimait à se définir lui-même, le mot handicapé lui faisait horreur par son caractère définitif, il déballa rapidement le carton minimaliste qui le suivait depuis l’hôpital orbital de Gateway.
Radio réveil digital aux chiffres rouges agressifs possédant une sonnerie à réveiller les morts (il en aurait bien besoin), la photographie encadrée du peloton dansa dans ses mains quelques secondes avant de retourner dans le carton, la trousse à outils souple dans son étui kaki à scratch, trousse de toilette sans rasoir (se raser au couteau, une connerie d'habitude glanée dans la reconnaissance; une bonne manière de les garder affûtés mais surtout de s'esquinter la gueule... Simon prit note de s'acheter un vrai rasoir dès que possible.'), quelques vêtements emballés sous vide qui n’avaient pas vu le jour depuis une éternité, son « placard'' » à médailles, son dossier-disque et enfin son pistolet. Fouillant dans sa poche, Simon en extirpa le percuteur de l’arme emballé dans un zip plastique ; avec un sourire il déplia sa tousse à outils et entreprit de remonter l’arme de façon fonctionnelle. Peu de temps après le colt 1911 noir luisant faisait sentir son poids familier et rassurant dans la paume de Simon, une vision assez lugubre mais qui n’évoquait pas ce type de souvenirs chez son propriétaire.
_ Faire aussi attention à son arme qu’à soi-même.
Les mots du sergent Harrigan résonnaient comme au jour où ce foutu drill les avait hurlés à ses oreilles, toujours est-il que ce genre de repères n’aidaient pas beaucoup dans sa situation, il rangea l’arme dans son holster après avoir engagé la sûreté.
Jusqu’au matin Simon s’activa pour nettoyer et préparer tant bien que mal l’appartement à la vie, de nouveau ; le jour se levait et la musique avait cessée depuis longtemps.