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La Mort

C’est un homme, non ça a l’air d’un homme quelconque au teint grisâtre et aux cheveux filandreux ; il porte tous les jours le même costume trois pièces gris de coupe classique et dispose d’une montre à gousset qu’il regarde laconiquement de temps à autre. Son outil de travail est un attaché case noir sans fioritures, il ne semble pas se fatiguer de le porter, il ne le fait jamais tomber.

On l’appelle monsieur, on l’appelle de ses vœux, on voue des gens à ses bons soins, on le souhaite à son Némésis, eh oui c’est bien lui.

Depuis que le monde est monde, depuis que l’homme est en mesure de se poser des questions sur sa subsistance vous rêvez et craignez de savoir ce qu’il en est. Et bien ce reportage exclusif va tout vous révéler sur cette figure de l’histoire de l’humanité, ce fonctionnaire soigneux, ce professionnel irréprochable dans ces œuvres, cet artiste si décrié. Dans un instant vous allez tout savoir sur la mort.

 

La mort, une situation difficile à vivre.

 

« Bonjour, alors je me présente je suis la Mort, oui Mort avec une majuscule, vous en mettez bien une à votre nom. Bon alors pour des raisons qui disons vous échappent je vais éviter de vous expliquer comment je fais pour l’omniprésence, ça évitera de foutre en l’air le travail de plus d’une vie dans les domaines de la théologie et de la physique quantique. Ma fonction est de m’occuper de tout ce qui n’est pas matériel dans le processus du passage de vie à trépas, par ce que le hardware ce n’est pas trop mon truc à moi, je ne fais qu’allumer et éteindre…Evidemment je sais comment ça marche, il faut bien ça pour l’arrêter la machine. Non moi mon souci c’est de répondre aux attentes de mes clients concernant l’aspect métaphysique de l’expérience, je ne change pas d’apparence selon le client quoi que je pourrai bien évidemment. Alors généralement je m’assied avec le client et je lui donne un prospectus ; très bien foutu ce truc-là, il y a des photos, des schémas explicatifs en couleur et puis un plan aussi, ça me fait gagner un temps fou. Et voilà…Quoi, vous en attendiez plus ? Bon alors la faux, le sablier, la charrette, la barque et tous les trucs ce sont des foutaises ; tout le monde me remarquerai si j’étais un squelette animé avec un outil agricole géant et alors je ne pourrai plus aller où que ce soit sans me faire assaillir par des badauds. Sérieusement est-ce que personne n’est jamais revenu d’un rendez-vous avec moi pour vous dire à quoi je ressemblais ? Je vous met au défi d’en trouver un seul ! Qui ? Rappelez moi son nom pour voir ? Chri…Christian ? Christophe ? Pas possible celui-là n’est pas encore mort…Jolie chanson les mots bleu d’ailleurs…Christ ? Jésus Christ ? Et il vous a parlé de moi ? Non décidément ça ne me dit rien du tout. Ah, c’est donc ce type à moitié nu qu’on voit dans les églises, et il avait un pote appelé Lazare qui serai aussi revenu ? Vous savez je n’oublie jamais un nom alors si j’avais déjà rencontré un de ces deux gugusses je me serai rappelé son blaze le second coup et il aurai payé l’amende. Je déteste les resquilleurs. Alors la journée continue éternelle c’est un peu long bien sûr mais il y a plein d’autres avantages, je n’ai aucune vie privée, donc aucun frais et aucune déception ; c’est un principe je ne fais jamais ami-ami avec le client. Ah non, pas d’adresse, pas de téléphone donc un bien meilleur rendement au travail c’est sûr. Je prends des stagiaires de temps en temps, pas très concluant et souvent du travail bâclé ; la race humaine est franchement désespérante. Voilà donc, j’attends ma retraite avec impatience ; en tant que conceptualisation du processus de désassemblage moléculaire du corps humain je cesserai d’exister en même tant que lui, que ferais-je après ? Il y a plein d’opportunités de reclassement pour des concepts comme moi, je m’occuperai bien d’allumer et éteindre les étoiles, ça doit être sympa comme job. Enfin voilà, il faut que je file, toujours le travail…A bientôt.»

Page vue 85 fois, créée le 06.09.2007 01h18 par guinch
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