logo
Accueil liste Commenter

Mangeur d'hommes

L’histoire connue de Robert Palehorse Whitelodge commence en 1976 lorsqu’il apparaît dans un orphelinat public de l’Arkansas avec son frère cadet Hawk Jefferson Whitelodge.

Très vite s’impose un fort caractère et des tendances asociales, Robert refuse de communiquer au-delà de ce qu’il estime être nécessaire. Les frères Whitelodge vont donc errer de famille d’accueil en famille d’accueil jusqu’en 1979 où l’attitude sur-protectrice de Robert vis-à-vis de son frère cadet le conduira en maison de correction. L’incident est une altercation violente avec un autre adolescent qui aura de nombreuses blessures légères et une sérieuse commotion. Quelques années plus tard en 1982 Robert s’engage dans l’armée, dès lors il s’opère un transfert de personnalité entre lui et son frère, lequel deviens turbulent alors que Robert entre dans le rang.

Recrue très bien notée, Robert se spécialise dans la reconnaissance et le tir de précision ; il opère avec les Rangers dès 1983 à Grenade puis au Panama en 1989 ; là il sympathise avec un officier du détachement A des bérets verts qui lui obtiendra son transfert à Fort Bragg dès l’année suivante. Peu d’informations subsistent quand aux missions que Robert Whitelodge mènera avec les bérets verts, tout ce que l’on sait c’est qu’il est porté disparu en 1992 durant une mission anti-drogue en amazonie.

Pour Hawk Whitelodge c’est le déclic, il quitte le garage où il travaille pour s’engager dans les Rangers et suivre les pas de son frère disparu avec le succès que l’on sait.

C’est en 1994 que la CIA fait appel à un agent contractuel, un de ces fameux freelance, dont le nom de code opérationnel est CHACAL ; l’identification photographique issue de leurs archives est formelle, Robert Whitelodge est de retour. CHACAL mène à bien de nombreuses missions épineuses et accumule de la sorte un joli pactole, mais il ne se limite pas au marché gouvernemental américain et loue ses services à tous ceux qui peuvent se les offrir, on le retrouve dès lors sur tous les points chauds de la planète.

La dernier endroit où on pu positivement localiser CHACAL est la Bosnie.

 

 

 



 

La nuit était tombée et les miliciens bosniaques étaient rassemblés au campement, l’un d’eux ne pouvait pas s’empêcher de dévisager l’homme assis loin du feu ; un homme aux traits harmonieux mais froids dont le visage était couvert par des bandes de peinture noire, il coupait dans un morceau de viande crue avec un couteau de taille impressionnante et mâchouillait chaque morceau avec patience. Un autre milicien fit passer au curieux un thermos de thé et lui raconta l’histoire de l’homme au couteau.

 

« Le Chacal, c’est un mercenaire ; je ne sais pas d’où il vient. Il est payé au nombre de fusils Serbes qu’il rapporte au commandement à ce qu’il paraît…Loué soit Allah que de tels hommes se battent de notre côté plutôt que du leur, dire que ça pourrai être l’un d’entre nous là entre ses mains. »

 

L’instinct du tueur, cette force animait Robert Palehorse Whitelodge et l’avait maintenue en vie dans bien des combats ; dans la rue en parallèle le char T-82 avançait en broyant tout sur son passage suivi de près par la colonne de paras serbes. Robert les escortait seul, glissant de couvert en couvert, invisible. C’était la même force qui avait balayé le campement une heure avant l’aube, ayant des amplificateurs de lumière ils avaient fait un carnage dans l’obscurité. Ils avançaient en avant-garde de la force principale qui devait enfoncer toute la ligne de front si on osait l’appeler ainsi, en effet les musulmans reculaient en essayant d’opposer le plus de résistance possible pour que les populations locales puissent fuir…On se battait ici et là pour protéger sa ferme ou sa maison, il n’y avait pas beaucoup de soldats professionnels alors que les hordes de pillards serbes étaient organisés elles.

Une colonne de paras et un T-82, des proies dangereuses mais trop tentantes pour le Chacal, ayant estimé leur vitesse de progression il s’écarta de leur chemin pour leur tendre un piège. Le mercenaire courrait seul, son fusil sanglé court sur son dos et un pistolet au poing juste au cas où, il courrait vite sautant les obstacles, se faufilant dans les trous des immeubles en ruines ; dès qu’il se fut enfoncé assez profondément dans le territoire « contrôlé » par les bosniaques l’artillerie serbe commença à pilonner au hasard les bâtiments susceptibles d’abriter des poches de résistance, la grisaille se teintait de terre noire et de fumée et le chacal aux muscles tendus filait droit vers l’ancienne usine de pesticides. Il s’arrêta, huma l’air alentours puis s’enfonça dans le bâtiment, arrivant près d’une cuve défoncée il déblaya quelques gravats et récupéra le sac qui y était caché. Prudent Robert avait disséminé quelques caches de ravitaillement sur la zone de repli, il avait senti l’offensive ennemi se préparer durant l’accalmie des jours précédents, mais il n’était pas payé comme conseiller stratégique, il était juste payé pour ramener des fusils. En aucun cas ce conflit n’était le sien, aujourd’hui allait être une belle occasion de voir s’il n’avait rien perdu de sa capacité à chasser même les troupeaux d’animaux hargneux. Dans le sac il y avait quelques unes de ses provisions personnelles, mines antipersonnelles Claymore et du Semtex, ainsi que quelques bonus ramassés sur place, lance roquettes et une mitrailleuse PKM.

Une fois le contenu vérifié, Robert prit le sac de sport sur son épaule et se remit à courir dans la direction du lieu de l’embuscade…la fin d’une avenue menant à un carrefour important de la ville, inévitablement sur leur route.

Arrivé au pied des géants de béton le Chacal eu un sourire, il s’enfonça alors dans les tripes du plus proche building pour chercher l’accès au sous sol et à ses fondations, quelques rapides estimations visuelles et il commença à placer le plastique sur les piliers. En une dizaine de minutes le travail fut achevé, puis il fallut ensuite regarder quels couverts seraient les plus intéressants face au tir de sa mitrailleuse, il alla y placer les mines antipersonnelles. Ayant terminé Robert dissémina les munitions du lance roquettes sur sa route de repli…Une fois installé confortablement dans son petit nid il ne restait plus qu’à attendre, les immeubles feraient le reste en s’écroulant pour barrer la route de la colonne. Ce jour là il y eu un char détruit et une vingtaine de morts parmi les « forces spéciales » serbes, accessoirement l’offensive sur Srebenica prit un peu plus de temps que prévu. L’Etat Major Serbe eu a réfléchir face aux morceaux de disparus qu’ils trouvèrent un soir sur leur table des cartes, dont certains os portant les traces visible de morsures d’une mâchoire humaine. Heureusement pour eux, Robert était déjà parti pour un safari au Chiapas dont l’actualité en 1995 était des plus intéressantes.

 

 

 



 

Robert avançait pas à pas dans la jungle moite, le fusil mitrailleur dans ses mains était comme un animal affamé, terrifiant. Ses sens étaient aux aguets, aiguisés par des années de danse avec la mort, il y avait d’autres animaux dangereux comme lui lâchés dans la forêt. Ici plus rien n’avait d’importance, au cul religion et politique, au cul morale et bons sentiments ; il n’y avait ici que l’humanité sous sa plus pure forme : la survie aux dépends des autres.

 

Un buisson bougea de façon infime, Robert bloqua sa respiration, son cœur battait comme un tambour, l’odeur de la terre humide imprégnait l’endroit…Avec celle de la poudre.

Le fusil mitrailleur avala la bande de cartouches pliée dans le tambour massif, les balles fusèrent dans le buisson et réduisirent en charpie le guerillero. Une grenade défensive explosa à quelques mètres envoyant de la terre recouvrir les alentours, de la fumée et un vacarme assourdissant, Robert pivota et le fusil mitrailleur cracha une autre rafale ; puis le chacal se glissa derrière un arbre et disparut en rampant comme savent le faire ceux qui veulent vivre. L’embuscade avait échouée et le chasseur reviendrait cette nuit pour tuer au couteau ceux des soldats mexicains qui seraient assez fous pour fermer l’œil.

 

 


 

Le prince Yvan entra dans le bureau avec une certaine appréhension, sentiment dont il ne devait rien montrer au mercenaire assis dans le fauteuil Louis XVI. Rycek le responsable de la sécurité du palais se plaça de côté et déclara dans son anglais haché.

« Votre majesté, monsieur Chacal. »

L’homme dans un costume sobre qui encadrait des épaules solides leva ses yeux noirs sur le prince, c’était lui qui jaugeait son futur employeur.

« Six cent mille non négociables, je travaille seul, j’ai toujours raison. »

Le Prince Yvan n’eu pas à expliquer sa situation, le Chacal la connaissait ; héritier d’une famille royale d’Europe centrale le Prince Yvan avait le malheur d’être un jeune homme progressiste et voulant démocratiser un peu un régime autoritaire dont la majorité des dépenses étaient militaires…Les conservateurs ne l’entendaient bien sûr pas de cette oreille et d’ici à ce qu’ils se décident à prendre le pouvoir par la force il ne restait pas longtemps. A la veille d’un départ pour un sommet européen à Paris où le Prince souscrirai à la convention européenne des droits de l’homme afin d’intégrer l’Union, le danger guettait.

Une semaine plus tard, Paris. Ce soir Yvan et sa prétendante du moment, une quelconque étudiante de bonne famille française, ont décidés de sortir ; Robert était contre, Robert aurai du partir, mais Robert est resté. La boîte est sympa, du moins elle l’est pour toute personne qui ne voit pas des hommes armés potentiels en tout un chacun ; Yvan est dans le carré VIP, un espèce de cul de sac merdeux que surplombe un balcon idéal pour tirer, c’est là que se tient le Chacal, sous son costume impeccable sont logés deux Steyr Tactical de calibre 45, un revolver à canon court 357 magnum et deux grenades défensives…Il sent beaucoup d’odeurs qui lui déplaisent, les danseurs sentent la sueur des bourgeois citadins et sont agrémentée de bien trop de parfums puants. Ils sentent aussi l’alcool, toutes ces odeurs froissent les narines sensibles de Robert qui n’a qu’une envie, être à l’air libre bien que l’air de Paris soit dégueulasse. 3h45, l’occasion idéale, les tueurs ne se feront pas trop attendre ce soir ; Robert s’écarte du Balcon en faisant mine d’aller au bar, l’homme s’approche de la rambarde et porte la main à son oreillette il glisse l’autres sous son blouson. La main qui se pose sur sa bouche n’est pas à lui, tout comme celle qui pousse dans l’autre sens sur le haut de son crâne ; la colonne vertébrale du tueur craque et Robert laisse glisser son corps sans vie jusqu’au sol. Déjà son attention va vers les trois autres hommes qui se fraient un chemin à travers la foule compacte des danseurs, personne n’oserai tirer sur eux dans la foule, personne sauf le Chacal, les Steyr crachent du feu et de l’acier , c’est la panique et les deux types restants sont bien obligés de choisir entre se planquer ou retourner le feu. Robert s’empare d’une fille prostrée au sol et la redresse pour s’en servir comme bouclier humain, les balles de neuf millimètres lui déchirent l’abdomen et la poitrine, Robert la lâche et tire à nouveau sur les gars en bas. C’est un carnage, il y a bien assez de confusion pour que les deux gorilles standards du prince Yvan l’évacuent mais vers la sortie de derrière où attendent d’autres tueurs, Robert le sais, Robert veux ses six-cent mille dollars car ici il y avait beaucoup de témoins. Le Chacal bondit la rambarde et atterrit quelques mètres plus bas, il marche rapidement en tirant une rafale en l’air, il rabat les civils affolés vers la sortie opposée, voilà qui empêchera d’autres tueurs d’entrer par devant. Maintenant il faut rattraper Yvan, laisser passer le premier gorille qui se fait immédiatement truffer de plomb, pousser le second et tirer Yvan par le collet pour le ramener à l’intérieur. Un signe intimant l’immobilité au gracieux Prince puis changer les chargeurs de Steyr, finalement c’est une grenade défensive qui vole par la porte pour déblayer un peu le terrain, roulé boulé et flinguons tout ce qui dépasse. Une telle manœuvre c’est la mort assurée même pour quelqu’un d’entraîné, mais pour quelque chose comme Robert c’est…Un défi intéressant. Dehors il y avait trois autres types, symétrie parfaite, deux ont pris assez de shrapnel dans le figure pour déclarer forfait, mais il en restait un : sa tête a éclatée comme un pastèque trop mure.

Le Chacal profite de la minute de répit pour détailler les restes de ses assaillants, oreillette et flingues standardisés…Agents.

 

La berline blindée glissait silencieusement sur les boulevards parisiens, Yvan et son garde du corps étaient à l’arrière, où était passée la petite fiancée, impossible à dire. Devant, le chauffeur gardait les yeux sur la route et Robert lui s’était emparé d’un fusil M4 américain équipé d’une lunette. La voiture continuait sa route vers la banlieue et une planque sure, dans l’habitacle c’était le silence, puis Yvan éclata, il se maîtrisai si peu qu’il apostropha le mercenaire dans sa langue natale.

« Vous êtes dingue, vous avez tiré sur des gens innocents! »

Robert laissa passer jusqu’à ce que le jeune dirigeant porte la main sur son épaule pour le faire réagir, il avait gagné, en un mouvement du bassin le Chacal pointa la gueule de son fusil d’assaut sur le Prince.

« Vous êtes vivant et ils sont morts, si vous vouliez mourir j’arrange ça de suite. »

Le garde du corps ne savait pas quoi faire, il n’y avait rien à faire de toute façon si le Chacal voulait tuer le Prince, ce dernier du bien se calmer. Le Chacal lui tourna à nouveau le dos et le silence revînt dans le luxueuse voiture.

Arrivés dans la maison sécurisé, la voiture se rangea dans le garage ; le Chacal gravit les escaliers en quelques bonds pour se poster près d’une fenêtre donnant sur la rue, il resta là pendant au moins trois quarts d’heures avant de redescendre dans la cuisine se chercher à manger, le chauffeur était là en train de s’avaler un peu de charcuterie avec une bière.

« Tu es d’où ? »

Robert nota l’accent américain, il insuffla un léger accent slave à son anglais et répondit.

« Ici et là. »

Mais l’homme ne voulait pas lâcher le morceau, il continua à poser question sur question ; Robert finit par répondre à toutes en une seule fois pour économiser ses mots.

« J’ai tué, j’ai pillé, j’ai violé…Tout ce que la majorité des gens considèrent comme mal j’ai déjà du le faire au moins une fois. Mon intérêt dans cette affaire c’est de rendre Yvan si intouchable que l’on fera appel à moi pour le liquider, j’empocherai deux fois plus que ne vaut le contrat et j’aurai déjà fait ma reconnaissance terrain en plus. »

Le type faillit mourir en avalant son saucisson de travers, cela aurai sûrement évité à Robert de devoir le garrotter une heure plus tard durant sa pause cigarette au jardin.

 

 


 

Le contrat Yvan était terminé, un joli pactole qui avait valu les ennuis qu’attirent immanquablement les « actes terroristes » comme ceux ayant eu lieu dans ce dancing parisien. Robert avait pris quelques jours de repos à Vienne, hôtel de luxe et dames de compagnie ; juste le temps de se rappeler qu’aucun acte n’est gratuit.
Page vue 48 fois, créée le 05.09.2007 22h09 par guinch
Motorisé par R3.3.3 Tali