Eotelm le ferronier, époux en cavale
[N.A. Ici une compilation de textes et d'image issues du jeu Le Seigneur Des Anneaux Online, toutes les images et le premier texte sont l'oeuvre d'Antoine.]
C'est par une matinée brumeuse que mon histoire commence...
Voilà quatre jours que j'avais quitté mes plaines de l’Estfold et avancé à pas forcés vers cette région que l'on nomme Eriador.
En ces temps, les routes n’étaient plus sûres, surtout pour un voyageur isolé. J'avais donc décidé de partir par jour de nouvelle lune (lune noire) afin de poursuivre mon avancée de nuit, dans la plus grande discrétion.
Pour un rohirrim l’orientation dans l’obscurité est chose commune, cependant il est fort souhaitable de favoriser ce type de parcours avec l'esprit lucide et une monture fraiche.
Ce qui n'était plus le cas en cette cinquième matinée de voyage. Ma monture était lasse autant que je pouvais l’être.
Pourtant son allure, bien que lente, restait régulière.
« Nous y voilà enfin… » dis-je en la flattant « Bree... ».
Au travers de cette brume matinale, l’apparition de la grande porte Sud m'esquissa un sourire.
« Halte là ! »
Une silhouette apparue au travers du passage.
« Cavalier annoncez vous ! dit ce que semblait être un milicien.
- Eotelm. Du Rohan. Je viens pour commercer. »
L'individu s’approcha et me dévisagea avec attention. Il dut comprendre à ma mine marquée et mes vêtements sales, que je n’arrivais pas d’un bourg du coin.
Après quoi, sans dire mot et d'un air hautain, il fit le tour de ma monture prenant soin d'inspecter mes différentes affaires.
Il haussa un sourcil à la vue de mon plastron situé sur la croupe de mon cheval, puis toujours en silence, s’immobilisa au niveau du flanc gauche à hauteur de mon épée.
Il prit une courte inspiration. Et d’un mouvement de tête en direction de la ville, me lança, « Aller circulez. » ce que je fis.
Une fois, la porte passée, j’aperçus sur ma droite l’enclos du palefrenier. Depuis ma position, j’inspectais rapidement les installations.
De part leur style et leur entretient, elles étaient loin de ressembler à celles de par chez nous. Néanmoins, les montures y semblaient plutôt bien traitées.
« Bien l’bonjour, puis-je vous être utile ? me dit l’homme à son entrée.
- Possible. Quels sont vos services ?
- Le fermage de votre monture vous coutera une pièce d’argent par journée. Pour le fourrage et l’eau ça vous en fera deux de plus.
- Bien ! Je t’en donne cinq aujourd’hui et la même somme demain mais pour du foin sec, de l’eau claire et un enclos curé. ce qui n’était pas le cas apparent.
Je te dois bien ça. dis-je à l’oreille de mon cheval.
- Très bien rohirrim. acquiesça l’homme avec sérieux.
- Je repasserai vous voir, une fois mon cheval délesté.
A ce propos, pouvez-vous me dire où se trouve l’Auberge du Poney Fripon ?
- Le Poney Fringant ! dit-il en souriant.
Simple, remontez l’allée centrale jusqu’à la place de la fontaine aux sangliers. Passez sous l’arche et ce sera la grande bâtisse sur votre droite. Vous ne pourrez pas la manquer.
- Merci bien. A plus tard donc.
Je repris ma route en suivant les indications. Au fur et à mesure de mon avancement, je pris soin d’observer cette cité. Bree était manifestement une ville soignée et accueillante…

Le brouillard se levait enfin sur le village de Bree…
Ayant mit pied à terre, le cavalier venu du Rohan sentit soudain, combien il était loin de chez lui.
L’accent lourd et traînant du Westron local, envahissait les rues alors que les paysans allaient aux champs, et que les commerçants ouvraient leurs négoces.
Le Poney Frippon ? Non, le Poney Fringant ; c’était dans cette auberge qu’Eotelm le ferronier devait retrouver son épouse.
Toute cette histoire était déraisonnable au possible, pourquoi venir ici à la recherche d’un homme inconnu ? Que leur apporterait-il ce mystérieux parrain ? Ferait-il subitement taire l’ire de Ramghen, seigneur de Dunharrow ; alors que sa fille s’était offerte contre ses vœux à un homme des communs ?
C’était encore une de ces idées, romantique et un peu folle, que les jeunes gens concevaient après avoir trop entendu de chansons.
Mais bon, en l’état du royaume de la Marche, peut-être vallait-il mieux être ici ? Bree semblait assez cosmopolite, et il n’y avait plus de rois et de seigneurs dans ces pays depuis des siècles.
Eotelm flatta l’encolure de son cheval, puis se décida à emprunter la grande rue pavée qui remontait vers l’Ouest.
L’auberge était un grand bâtiment, avec une belle enseigne de bois rouge laquée.
« Liluana vous dites mon bon monsieur ? »
Prosper Poiredebeurré portait bien son nom, il avait l’air prospère et le visage rougeaud ; il mit son temps à jauger la personne en face de lui, mais sentant que le voyageur s’impatientait, finit par se faire une raison.
« Bien, bien… Elle jouait un peu de Luth dans la salle commune, mais il y a quelques jours, elle a empochée ses gages et pris la poudre d’escampette. »
Ce n’était pas une nouvelle pour réjouir Eotelm, le voyage l’avait épuisé et il s’attendait à pouvoir retrouver son épouse, pas encore lui courir après à travers tout un pays étranger.
« Donnez moi une chambre, et faites moi monter une collation. »
L’injonction ne souffrait pas de réponse, appuyée d’une main qui déposa de façon brusque quelques pièces sur le comptoir.
« Nob ! Montre sa chambre au monsieur ! »
L’endroit ne payait pas de mine, mais la chambre avait une cheminée et un bon lit garni en couvertures ; il n’en fallut pas plus à Eotelm, il closit les volets et s’allongea, rompu de fatigue.
Combien de temps était-il resté assoupi ? Quelqu’un cognait discrètement à la porte ; le Rohirrim ouvrit, et trouva un plateau à ses pieds avec un cruchon de vin, une miche de pain et un peu de daube de sanglier ; il n’y avait personne dans le couloir, singulière aventure.
Eotelm s’attabla dans sa chambre, mangeant de bon cœur ; pas encore assez réveillé pour ruminer de sombres pensées sur la situation impossible dans laquelle il s’était retrouvé. Mais la-dite situation ne tarda pas à le rattraper.
Une lettre, était dissimulée sous l’assiette ; cachetée à la cire, elle portait un sceau distinctif ; celui des messagers du royaume… Mais il était étrangement disposé, le cavalier en relief figurant à la verticale.
Disposant la lettre devant lui, sous une bougie, Eotelm la considéra songeur pendant un instant ; puis enfin, il l’ouvrit.
Il lut, une fois, puis deux… Tout cela n’avait aucun sens, il ne connaissait pas de Lôfolse Eraldem, tout comme la coutume évoquée lui semblait fantasque.
Le cavalier… Le cavalier chevauchait vers le bas…
Eotelm repris la missive et considéra avec attention les premières lettres de chaque ligne… Elles formaient un mot, ou… Oui, plutôt un nom :
Thendril.
Toutes ces manières étaient bien mystérieuses… Un rendez-vous au crépuscule, au pied d’un arbre jaune. Ouvrant les volets, Eotelm avisa que l’heure dite, n’était pas si loin que cela, il avait du dormir comme un bienheureux tout du long de la journée !
Maudissant sa fatigue, l’homme prit son épée par précaution, et descendit rapidement dans la salle commune, s’enquérir d’un lieu dit « l’arbre jaune ».
Pour sa chance, l’endroit était à la sortie de la ville, près d’un petit bourg appellé Staddel ; Eotelm n’écouta que son courage, et bien décidé à écclaircir tous ces mystères, se rendit à l’arbre jaune.
C’était un végétal vénérable, s’élançant plus haut que tous les autres alentours ; il trônait au beau milieu d’un clos, sur la route, et ses feuilles d’or formaient un tapis bruissant à ses pieds.
Lorsque les derniers rayons du soleil carressèrent la cime de l’arbre, un homme s’avança prudemment depuis le bosquet voisin.
« Westu Eotelm Hal. »
Eotelm resta sur sa réserve, il ne connaissait pas cet homme…
« Vous me connaissez semble-t’il, mais l’inverse n’est pas vrai l’ami. Que diriez-vous de réparer cette erreur ? »
« J’ai pour nom Thendril, mais vous devez le savoir si vous avez su lire mon message ; je suis un messager venu d’Aldburg, dans l’Ouestfolde ; et ma loyauté va au Rohan. »
Aldburg était l’ancienne ville des rois, capitale de l’Ouestfolde ; fief d’Erkenbrand.
« Que me vaut le plaisir, messager ? »
« Votre mariage avec la fille de Ramghen, puis votre fuite du royaume n’ont pas été sans conséquences ; le seigneur de Dunharrow a porté l’affaire devant le roi, qui bien mal conseillé, vous a condamné par contumace. Mon seigneur Erkenbrand, par amitié pour la grand-tante de votre épouse, m’a mandé afin de vous prévenir au plus vite. Les choses au Riddermark sont en train de changer, Ramghen et le Roi sont trompés par de vils arrivistes ; on vous accuse à présent à demi-mots, d’être ici en quête de soutient pour conspirer contre Theoden ; il ne faudra pas longtemps pour qu’une troupe de cavaliers soit à vos trousses. »
Eotelm était décomposé, comment diable pouvait-on croire une chose pareille ? De sa vie il ne s’était préoccupés de sujets aussi élevés, il souhaitait juste vivre droitement et dans le bonheur !
« Hélas ! Mon épouse bat la campagne à la recherche d’un parent, et je ne sais où la trouver ; qu’allons-nous faire ? »
« N’ayez nulle inquiétude, c’est une affaire entendue ; voyez-vous les lumière slà-bas sur la colline ? »
Thendril désignait un campement, peu lointain.
« Une vingtaine d’âmes, toutes en armes ; votre épouse y a trouvé refuge, et un ami de longue date se trouve parmi eux. Au sein de pareille compagnie, vous n’aurez pas à craindre d’être pris par une petite troupe de cavaliers. Ils ont pris pour nom Libres Frontaliers, et parcourent l’Eriador ; je ne sais pourquoi Liluana de Dunharrow est parmi eux, mais elle a eu là une brillante idée. »
« Peut-on leur faire confiance ? Que sont-ils, des mercenaires ? »
« Non pas, plutôt… De bons samaritains, je ne saurai trop vous en dire à leur compte ; mais mon ami, Alderah ; lui aussi d’Aldburg tout comme moi, saura vous renseigner. »