[N.A. Ici une compilation de textes, dont tous ceux impliquant Liluana sont l'oeuvre d'Audrey Bourez ; tous nos textes ont été écrits comme support à un jeu de rôle en ligne dans l'univers du seigneur des anneaux, raison de leur brièveté et de leur côté "épisodique".]
Liluana tira sur sa couverture. Il faisait frais ce soir à Bree. La bierre de nain qu'elle avait bue, avant de rejoindre sa chambre, ne l'avait rechauffée que quelques minutes. L'aubergiste avait été gentil avec elle : il lui avait offert la chambre à condition qu'elle joue quelques morceaux de luth, le soir à ses clients, et qu'elle aide à la plonge.
Elle était pourtant habituée au froid. Dans ses montagnes natales de Dunharrow les variations de températures etaient importantes. Pourtant cette fois, même au chaud dans le fond du lit de la petite chambre du poney fringant, elle n'arrivait pas à se rechauffer. Peut être etait ce parce que son mari n'était pas couchée près d'elle ce soir...
Elle se retourna une nouvelle fois sur sa couche, espérant ainsi attraper le sommeil... mais n'y parvint pas et se mit à penser à son père : comment réagirait il a son retour ? "et maman ? " songea t elle... "supporterait elle mon absence ?"
Elle se tourna encore une fois... plus tourmentée encore... essayant de chasser ses pensées. Son oreille fut attirée par un bruit de petits pas sourds dans le couloir, qui s'arrêtèrent devant sa porte. Elle baissa les yeux vers la fine ligne de lumière et vit une ombre. La poignée ne bougea pas, et le temps qu'elle regarde vers là où elle avait posé son épée, l'ombre avait disparu, remplacée par une petite note pliée sur le sol.
Liluana se leva, alluma la chandelle sur sa table de nuit et alla chercher le bout de parchemin. Et elle lu :
BRYNN CROUTENFER.
Enfin elle avait une piste ! Il ne lui restait plus qu'à aller, porte de thorin, au pays des nains, pour essayer de découvrir qui était ce Brynn Croutenfer. Elle n'avait pas finit d'avoir froid... même si c'était le prix à payer pour retrouver son parrain...
"je n'y arriverai pas seule" se chuchotta t elle. "j'aimerais tant qu'il soit là". Elle se rallongea sur le lit et serra machinalement le coussin contre elle. Elle s'endormit en pensant à son mari...
Lorsque Liluana entra pour la deuxième fois dans le petit magasin, au fond d'une petite ruelle de Bree, ses narines furent encore frappée par l'odeur d'herbe à pipe qui en émanait.
Cette odeur lui rappelait les fameuses nuits du solstice d'hiver, où son parrain rendait visite à son père. Les 2 frêres fumaient, mangeaient de bonnes pièces de viandes, et discutaient jusqu'à l'aube. Liluana n'avait jamais eu l'authorisation de veillée avec eux. Même sa mère quittait la pièce et les laissait seuls. Tout ce qu'elle entendait c'était des bribes de mots comme : -gmar -dalf - comté ... ou de conversations sur des elfes, des fôrets vivantes, des cavaliers maléfiques... Elle ne connaissait même pas le visage de son parrain, et quand elle interrogeait sa mère, elle lui répondait toujours : "tu comprendras plus tard, ne nous en veux pas". Liluana s'imaginait que son parrain devait être si horrible que ses parents préfèraient le cacher...
Le soleil timide faisait toujours lever son parrain, qui déposait un objet sur la table et quittait la maison en prononçant toujours la même phrase : "peut être à l'année prochaine, mais si tu ne me vois pas, ne viens pas me chercher". La porte claquait et Liluana se précipitait dans la salle à manger pour voir ce qu'il avait laissé pour elle. Mais avant, elle regardait toujours par la fenêtre dans l'espoir qu'il se retourne avant que son ombre rejoigne celles chassées par le soleil... Cette fois, c'était une magnifique petite sculpture, "sculptée par des nains", lui avait dit son père. En effet, la sculpture représentait un nain devant une grosse marmite, et dans la marmite, il y avait quelques baies...
"Dites ma p'tite dame, vous la reprenez votre sculpture ou je la mets en vente ?"
Liluana sortit de ses souvenirs et pencha son regard vers l'homme bourru qui s'adressait à elle.
"pardon, je rêvassais ! merci de votre aide en tout cas ! Brynn Croutenfer vous m'avez dit ?"
"oui ma p'tite dame ! c'est bien ça ! ce sera plus facile pour vos recherches maintenant !"
Liluana éclata de rire.
"plus facile ! vous vous moquez ! je ne sais même pas par où commencer pour retrouver ce nain!"
"cette NAINE ma p'tite dame ! Brynn est un prénom féminin ! et des femmes naines, y'en a pas beaucoup dans l'coin !"
Liluana resta stupéfaite. "une naine" se dit elle. Déjà qu'elle n'avait jamais vu de nain, mais une naine... elle pensait qu'elles faisaient parties des légendes...
"vous pourriez bien commencer par interroger les gens de bree et les nains que vous pourriez croiser, ma p'tite dame, la couleur que les baies ont laissé au fond de la marmite laisse croire qu'elles venaient des champs de staddel"
"merci ! merci infiniement !"
"ben non ! merci à vous !" l'homme leva devant lui la superbe chevelure rousse fraichement coupée du crane de Liluana.
Liluana rougit en se touchant les cheveux, baissa les yeux, salua l'homme et quitta l'etablissement.
Qu'allait dire son mari lorsqu'il la verrait ainsi ? mais c'était bel et bien la seule monnaie d'échange que l'homme voulait contre des renseignements sur le cadeau que lui avait laissé son parrain. En lui remettant l'adresse du vendeur de Bree, sa grande tante Evanen d'Edoras avait oublié de lui dire qu'il était dur en affaires...
Il était l'heure du déjeuner, il fallait qu'elle rejoigne le poney fringuant pour aller distraire ses clients, peut être aurait elle la chance de croiser un nain... ou une naine...
Prosper Poiredebeuré n'aimait pas bien le regard que lui jetait son fournisseur, il avait appris à connaître ce regard, typique des nains et qu'il avait batptisé: "le regard du sanglier en colère" ("the eye of the boar" dans la langue de Tolkien).
Quand un nain regardait vos rotules dans les yeux, c'est qu'il était sur le point de vous amener à sa hauteur, d'une bien vilaine façon.
" Très bien, une pièce d'argent et vingt-sept cuivres la pinte ; c'est mon dernier prix maîtresse Croûtenfer ! "
La naine se lissa la barbe d'un air pensif, puis, au grand soulagement de l'aubergiste, releva les yeux vers son visage.
" Humpf ! Le tonneau est à vous, mais c'est quasiment du vol maître Poiredebeuré... Une si bonne bière de garde de tradition naine, ça ne se brade pas. "
La naine tendit sa maint épaisse et calleuse, et l'aubergiste compta ses pièces, puis il déposa la bourse contenant les cinquante pièces d'argent et quatre vingt pièces de cuivre que valait le tonneau.
Liluana avait interrogé Prosper Poidebeurré, son "employeur", sur une éventuelle naine qui serait dans les environs. Elle avait perçu une hésitation dans sa voix lorsqu'il lui avait répondu "qu'à part des nains, il ne connaissait pas de naine"... Le nain qu'elle avait sollicité au bar n'avait pas été très coopératif non plus et elle avait bien compris qu'il ne fallait pas insister lorsqu'il s'était mis à fixer ses rotules... Elle se demandait vraiment comment elle allait faire...
Elle se sentait de plus en plus seule... "et s'il n'avait pas trouvé ma lettre..."
La corde, en claquant, lui arracha presque le bout du doigt. Mais ce sont plus les fausses notes qui sortirent de sa harpe que la douleur qui la ramenèrent à la réalité.
"dites mademoiselle !? vous ne devriez pas continuer à jouer comme ca ?" dit un homme qui s'aprochait d'elle en lui tendant un mouchoir presque propre.
Liluana s'excusa, pris le mouchoir, mais ne s'en servi pas, et se dirigea vers les cuisines. Bob était là et l'aida à se soigner.
"va falloir annoncer a Prosper que tu vas pas pouvoir jouer de quelques jours..." lui dit il sans la regarder dans les yeux.
"je verrai ça demain Bob. Là je n'ai pas la tête aux explications... je suis fatiguée Bob... et je me sents vraiment seule ici... les chevaux me manquent, ma famille me manque, mon mari, mes terres... je n'aime pas les pavés de la ville, j'aime les plaines etendues, l'herbe fraiche et épaisse et les orages des montagnes, pas les toits, les étales et le bruit..."
Liluana s'était assise sur la chaise près de la cheminée et regardait les flammes crépiter. Elle ne sentait plus la douleur de son doigt meurtri et entendait, dans le crépitement, les sabots des chevaux qui rentrent du pré. Bob l'écoutait, vraissemblablement très géné.
"Lilu, va voir Prosper" lui dit il.
Liluana se releva, un peu trop brusquement, mais réussi à esquisser un sourire géné en rattrapant la chaise. "pardonne moi Bob, je suis désolée de t'avoir dit tout cela". Elle s'éloigna et sortit par derrière pour ne pas croiser Prosper...
C'est en contournant le mur du poney fringant que son regard fut attiré par un petit être qui courait dans la rue principale, manquant de renverser tout le monde. La vue des toutes petites jambes galopant sur le pavé lui esquissa un sourire et elle se mit à la suivre. Pourquoi ? elle même ne le savait pas, mais ce nain l'amusait. Peut être pourrait il la renseigner sur Brynn Croutenfer... Sur le pas d'une porte où elle avait vu le nain entrer, elle s'arreta tout de même de courir un instant, repensant au ridicule de la situation : elle avait pris en chasse un nain qu'elle avait vu courir dans la rue, dans l'espoir qu'il pourrait lui donner des renseignements sur son parrain, alors qu'elle fuyait elle même le poney fringant... parce qu'elle ne voulait pas dire à son patron qu'elle s'était blessée...
Liluana mis son poing sur la porte pour frapper lorsqu'elle s'ouvrit devant elle. Un homme en sortit promptement et lui dit en passant : "c'est en haut ! dépéchez vous ils ont dejà commencer à se réunir !", puis il s'éloigna. Elle entra. La lumière tamisée cacha la rougeur de ses joues. Elle se dirigea d'un pas rapide vers ce qui lui semblait être une porte et la poussa...
"mais qu'est ce que je fais là moi ?..." se dit elle en voyant un groupe de personnes, dont le nain qu'elle suivait, en cercle sur une estrade. En s'approchant de plus près Liluana reconnut Alderah, qu'elle avait rencontré au hasard du vent de Bree lorsqu'elle recherchait à se faire fabriquer une armure, apres quelques déboires avec des sangliers. Elle s'approcha un peu plus et l'interpella... mais pas assez discrêtement pour ne pas se faire remarquer. L'ambiance était à la rigolade. Tout le monde semblait joyeux... sauf peut être le nain qu'elle suivait...
Alderah sembla content de la voir et le meneur du groupe invita Liluana à se joindre au groupe d'amis. Le groupe lui donna sa chaleur et Liluana se détendit, envahit par un doux sentiment de partage. S'en suivit ensuite une serie d'évènement comme l'on peut en voir dans ces journées folles où l'on ne contrôle plus rien. Le nain que Liluana suivait était en fait une femme naine, cuisinière, et elle était effectivement mécontente... et elle semblait se nommer Brynn...
C'était elle que Liluana recherchait, et elle était en grande discussion avec Alderah qui semblait bien la connaître... Elle s'agitait en disant qu'elle ne pourrait pas continuer a nourrir tout le camp si elle n'avait pas plus d'aide... Liluana ne voyait aucune différence entre un nain et une naine, sauf ses centres d'intérêt et elle se sentit soudain solidaire. Timidement, elle lui proposa son aide mais elle ne sembla pas l'entendre. En reprenant courage en voyant la détresse de la petite naine, elle répéta son offre et fut entendu. Brynn l'embaucha. Et elle fut invitée à venir partager le campement des Libres Frontaliers, entre l'ombre et la lumière où l'honneur est dans les coeurs...
Brynn Croûtenfer rentrait de son voyage en Evendim avec Alderah le magicien ; harassée de fatigue malgré la grande résistance dont Aulë avait pourvu les nains, elle rabattit l'auvent de sa grande tente, puis s'assis sur la toile d'un sac de pommes de terre, fraîchement récoltées.
La naine n'avait pas bien eu le temps de repenser les événements de la veille, et ne savait si elle devait s'en réjouir ; comment aurait-elle pu savoir ?
Mais elle avait besoin d'une aide pour la cuisine du camp, c'était un fait...
Fallait-il que sur tous les humains passant par Bree, elle tomba sur celle-ci en particulier ?
Songeant à tout cela, la naine enleva sa cuirasse et se mit à la nettoyer, il ne fallait pas laisser les taches ou la corrosion faire leur oeuvre ; la nettoyer puis la graisser, oui, comme d'habitude.
" Vous m'avez encore joué un vilain tour, je le vois bien maintenant... Humpf! "
La naine parlait toute seule, pensant aux quelques jouets de bois ou de paille tressée qu'elle avait pu fabriquer autrefois ; et elle avait menti à la jeune Rohirrim, un nain se souvient EXACTEMENT de tout ce qu'il a fabriqué, c'est ainsi, c'est leur nature.
Soupirant, elle s'arrêta un instant de briquer les plaques d'acier.
" Je pourrais me montrer très dure, si elle se décourageait, elle rentrerait probablement chez elle au lieu de persister à chasser des fantômes... Oui, très dure..."
Acccrochant son plastron sur le manequin de bois rudimentaire, la longue-barbe repensa au commanditaire du jouet.
" Mais c'est que que vous attendez de moi, hein ? Et bien nous allons voir qui est le plus malin de nous deux !"
Brynn se calla dans son coin, posa sa hache près d'elle, puis s'enroula dans sa couverture... Quelques heures de sommeil et il faudrait préparer le petit déjeuner, Liluana avait intérêt à être à l'heure, selon le standard nain... C'est à dire en avance ! Car elle avait beaucoup, oui beaucoup de choses à apprendre.
Liluana rentrait au camp, mais cette fois, ses idées n'étaient plus si légères. Il fallait qu'elle parle a Brynn... au sujet du jouet... il fallait qu'elle essaye de savoir...
Sa grande tante d'Edoras lui avait bien dit qu'en suivant la "piste des cadeaux", elle retrouverait son parrain... des objets, paraissant souvent sans grande valeur, sont souvent des objets uniques et leurs fabriquants s'en souviennent... en particulier les nains, qui, lorsqu'ils donnent une sculpture, ne la donnent pas pour rien, ni à n'importe qui...
Sa grande tante ne pouvait pas s'être trompée, elle connaissait si bien les gens... Mais Brynn n'avait pas l'air de s'en souvenir particulièrement bien. Liluana n'avait remarqué aucune réaction particulière lorsqu'elle lui avait montré l'objet.
Liluana finissait de ranger les fruits qu'elle avait achetés aux hobbits de staddel. Elle repensa à ce qu'Eadren lui avait dit un peu plus tôt dans la soirée : "tu vas avoir d'autant plus de travail maintenant !"
Elle regarda les fraises qu'elle avaient ramassées pour faire plaisir à Brynn... et les mangea de colère, après le dépit.
Comment avait elle pu la laisser seule avec tout le travail qu'il y avait à faire !? Comment ? Brynn semblait nerveuse en la voyant... Elles n'avaient été que très peu ensemble finallement... Pourquoi Liluana avait elle l'impression que c'était elle qui la faisait "fuir" ?
Tant de question sans réponse, qu'elle aimerait tellement pouvoir poser...
Liluana se leva et sentit la sécheresse sur ses joues. Elle avait pleuré et ne s'en était pas rendu compte. Un fort sentiment de sollitude l'immergea et elle décida, ce soir, de ne pas rester au camp. Elle prépara les bols pour le petit déjeuner, installa quelques muffins aux myrtilles, des fruits. Elle protegea le tout sous cloche et laissa un petit mot dans le premier bol :
Compagnons !
Ne vous inquiétez pas de ne pas me voir ce matin.
Je reviendrai vite.
Liluana
Elle irait à Bree en passant par le petit lopin de terre que Brynn aimait cultiver... Elle emporta son épée... et les quelques fraises qui lui restaient...
Brynn Croûtenfer était bien repassée au camp, mais elle n'avait pas ramenée avec elle son bardas ; et cette fois-ci, sûre de n'avoir rien oublié, avait repris la route, laissant une note à l'attention de la nouvelle cuisinière des Libres Frontaliers.