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Varyar Zaïrabel, Rôdeur du Nord

L’oeil…

La main…

La cible…

Et entre les trois, la corde.

Le tir est une question de respiration ; aligner la cible, bander l’arc, bloquer sa respiration ; suivre sa cible, la devancer et lâcher son trait.

A la fin du compte, tout est un, l’oeil, la main, la cible.


Ceci, est mon histoire.


Je suis Varyar Zairabêl, fils de Drogryn et Arnaroqueni Vinya des Faradrim Aran.

Je n’ai pas eu une enfance malheureuse, malgré mon pays en ruines ; juste, différente. Je suis né pour être un combattant du Faradrim Aran, je suis l’oeil du Nord, la flèche et le poignard nocturnes.

Je pourrai vous parler sans fin de mon beau royaume, des mes grands ancêtres, de notre noble mission ; et vous me prendriez pour un illuminé.

Aux enfants Dunedain on confie un lièvre, sur lequel ils doivent veiller ; lui donner un nom, et le nourrir. Le jour de leurs six ans, on leur offre leur premier poignard ; et ils doivent alors saigner le lièvre, le dépecer, et le manger.

Je me souviens ne pas avoir voulu manger Côfcôf, car tel était son nom ; je suis resté deux jours sans rien d’autre que de l’eau, puis j’ai craqué.

C’est amusant aujourd’hui, avec le recul, quand on se retrouve à monter une ambuscade, de voir tous ces soldats caresser un petit talisman ; patte, oreille ou poche faite avec la peau de ce fichu lapin…

Un autre jour dont je me souviens très bien, est celui où nous avons brûlé le corps de mon père ; notre coutume est la suivante, la veuve et les orphelins se maculent le visage de la cendre du bûcher ; chaque ami peut venir et du bout du doigt, en le mouillant d’une larme, nettoyer un peu du visage des pleureurs ; on reste debouts, dans le silence, tant que notre visage n’est pas entièrement nettoyé.
Cela symbolise l’unité des Dunedain dans la peine, chaque membre peut porter une partie du fardeau des autres, pour alléger leur cœur. Autrefois, ce rite se terminait rapidement, aujourd’hui il reste si peu des nôtres, que c’est souvent la pluie qui libère les gens en deuil.

J’ai grandi à Esteldin, parfois, un conteur passait apporter des nouvelles et tenir une veillée pour les enfants ; nous connaissons beaucoup du monde uniquement à travers ses récits.

C’est de lui que je tiens mon nom.

Chantecorde ; car il m’expliqua que l’oeil, la main, et la cible ne font qu’un à travers la corde ; je lui ai demandé alors si les elfes lui avaient appris à tirer, et il m’a répondu que non, ils lui avaient appris à jouer de la harpe.

Lorsque le jour est venu de devenir un homme, et qu’il m’a fallu un nom de Faradrim, alors j’ai choisi Chantecorde, car c’est ma façon de dire, que même une belle chose peut être changée en un instrument de mort.

J’ai tué des hommes, nombreux, et sans remord aucun ; c’étaient des créatures perverties, des voleurs, des coupe-gorges, il méritaient leur sort ; les Angmarim et les Dunlendings, ne comptent même pas comme des hommes à mes yeux, ils sont condamnés à disparaître dans les ténèbres.

J’ai le souvenir très vif d’un orque, ce n’était qu’un orque parmi tant d’autres finalement, mais dans mon esprit il reste la créature la plus terrifiante que je puisse imaginer. Fort, rapide, rusé ; avec un instinct sauvage, et une intelligence toute humaine.

Nous nous sommes affrontés des nuits durant dans les collines et les bois de Brande, juste nous deux, lui et moi.

Je dormais un peu le jour, progressais, suivais sa piste et posais des pièges ; mais il avait une vigueur supérieure à la mienne, et parcourait des lieues comme le vent, j’avais grande peine à le traquer.

Je me souviens de son regard, là au travers du feuillage ; lui, moi ; la fin de la traque, la peur et l’excitation mêlées.

J’ai toujours la cicatrice qu’il m’a laissé, et elle me rappelle que quand je traque seul dans les bois, je suis lui… Un tueur sans pitié.

C’est étrange tout ce que la solitude peut nous révêler sur nous-mêmes, si tu restes trop longtemps dans les bois, alors tu deviens inmanquablement une bête.

Nous sommes les soldats d’une guerre perdue il y a longtemps, veillant sur la frontière d’un royaume de ruines et de fantômes. Mais nous avons tous prêté serment, et les derniers vestiges des fidèles de Numenor coulent dans nos veines ; voilà pourquoi aucun ne désertera son poste, voilà pourquoi nous restons sur la frontière, vigilants.

Je suis chevalier d’Arthedain, d’Arnor et des deux Royaumes ; je crois en mon seigneur et place mon espérance en sa force, comme sa sagesse.

Et même si jamais ne reviens le printemps du monde, si nous devons partir dans la fureur du temps de la dague et de l’épée, alors je combattrai.

Car je suis Varyar Zairabêl, fils de Drogryn, Arnaroqueni Vinya des Faradrim Aran.

Nous sommes la dernière ligne de défense des hommes, et si un seul d’entre nous faillit, alors c’est le monde entier qui s’écroulera.
Page vue 60 fois, créée le 26.03.2008 18h16 par guinch
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