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Labyrinthes

La photo jaunie avait été prise au Caire dans un cabaret, Jacob jeune et souriant saluait le bras bien droit, parfaite représentation de la force du national socialisme…Comment s’appelait-il à l’époque ? Hans, non Harrison passa la main sur ses yeux rougis et posa la photo écornée sur le tableau de bord, à côté de lui sur le siège passager son pistolet attendait, inutile. Jacob avait trouvé une sortie honorable à cette vie, Harrison lui fuyait le sommeil et ses cauchemars comme un possédé, mais la fée verte ne le laisserai jamais partir, le magicien d’Oz ne le permettrait pas non plus.

La cible sortit du restaurant à l’heure, Harrison rangea son pistolet dans l’étui à sa hanche et quitta la voiture ; poussant les gens sans ménagement, marchant plus vite pour rattraper l’homme qui profitait de l’air nocturne sans soupçonner le prédateur lancé à sa poursuite. La main puissante d’Harrison se referma sur son épaule et l’homme se retourna frappé par la surprise.

_François Jandheur ?

_Oui c’est moi.

_Détective Harrison, police criminelle ; suivez-moi je vous prie.

La plaque fit grande impression et l’homme suivit docilement son bourreau en se frottant les mains nerveusement. Portière qui claque, voiture se glissant doucement dans la circulation, porte de hangar qui se referme, os qui éclate sous le coup de crosse d’un pistolet, tout devient noir.

François est solidement attaché sur une chaise avec de l’adhésif, la lumière l’aveugle et le sang dégouline de son arcade pour inonder la partie droite de son visage, la douleur est inexistante, étrange. Devant lui un homme en blouse blanche le regarde avec tout l’intérêt d’un vautour pour un cadavre, ce n’est pas bon signe, il a vu le visage et il n’en sortira pas vivant, François voudrait crier mais il ne peut pas.

« Très mauvaise qualité, pas sportif celui-là ; les artères pleines de graisse et les organes peu performants…Très mauvaise récolte mon ami. »

Harrison est excédé, il a fait cela très souvent et c’est toujours le même cirque, que ce soit ici ou dans une prison d’Afrique du sud ; le numéro ridicule du magicien le dégoûte autant que lui-même.

_Désolé monsieur, tout ce qui était disponible selon D.

_Excuses acceptées, procédons car la fée verte n’attend pas.

_Non monsieur, la mort n’attend pas.

Les gouttes vertes coulaient l’une après l’autre, le long boyau infernal les distillait lentement…Debout dans le laboratoire Harrison ne pouvait s’empêcher de ressentir des émotions contradictoires, s’il détestait sa dépendance la Fée Verte il adorait le moment de l’injection. Il fut tiré des ses pensées par la voix du magicien.

« La vie éternelle, présent divin ou diabolique ? »

Harrison réprima un tremblement, il lui semblait que le magicien savait tout de ses pensées, il était sa chose ; ce dernier sans sembler se soucier de lui continuait à feuilleter un quelconque de ses manuscrits d’alchimiste aux pages jaunies. Le détective soupira et passa la porte en se massant la nuque, c’est seulement une fois à l’extérieur qu’il pu respirer à l’aise en s’allumant une cigarette. La nuit était froide et la vision du magicien plongé dans ses toms poussiéreux renvoyait toujours Harrison aux mêmes interrogations…Le magicien était il le fruit d’une expérience du Reich ou était-il bien plus ancien et dangereux, était-il seulement humain ? La cigarette se consuma trop vite, Hans aurai voulu pouvoir rester à l’écart du maudit laboratoire encore quelques minutes mais il devait y retourner. La partie à venir de la distillation était la plus délicate, le magicien qualifiait celle-ci de « saisir la flamme ». Il s’agissait en fait d’affiner l’âme par l’expérience de douleurs multiples et ciblées, d’émotions contradictoires et ce jusqu’à ce que la matière première rende l’âme…Moment où il fallait saisir la flamme ou bien devoir tout recommencer, mais le magicien n’avait jamais faillit qu’une fois.
Page vue 54 fois, créée le 05.09.2007 22h53 par guinch
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