Harrison se fit un luxe de deux détours pour s’assurer qu’il n’était pas suivi, puis la voiture entra dans la zone industrielle ; garé à l’abri de l’ancien entrepôt de l’usine chimique, le détective quitta son véhicule pour rejoindre l’étage administratif. Endroit pittoresque avec ses vitres cassées, son ameublement chaotique et une belle couche de poussière de béton partout ; mais le joyau de l’endroit était la salle du coffre, un immense coffre aménagé on ne sait pour quel usage, seul endroit propre de tout le complexe il abritait le cabinet du magicien. Brisé Harrison composa le code à grande peine avant d’entrer, la lumière crue des néons lui brûla les yeux ; il jeta sa veste sur le sol et se laissa choir sur la chaise en soufflant, assis à son secrétait le magicien siffla d’admiration. Sa voix pointue et aristocratique énervait la plupart des gens mais Harrison savait ce qu’elle recelait vraiment comme savoir, comme promesses de pouvoir alors il l’aimait bien, à sa façon.
« Dans quel état vous êtes vous encore mis ? »
Le policier ne répondit pas, son t-shirt était maculé de sang, il passa ses doigts le long de sa mâchoire en gémissant puis utilisa la crosse de son pistolet pour taper quelques petits coups dessus, victorieux il glissa les doigts dans sa bouche pour en extirper une molaire enduite de sang et de salive.
« Voilà comment vous respectez mon travail, un jour vous vous abîmerez à un point où je ne pourrai plus rien faire pour vous mon pauvre ami…Voyons voir. »
Le magicien se mit à fouiller fébrilement une étagère en inox pour y chercher une seringue propre et alla extirper un flacon étanche de son frigo.
« Voilà, mon mélange spécial rien que pour vous. »
L’homme longiligne et osseux s’assit sur un tabouret prêt de la chaise d’Harrison et entreprit de préparer son intraveineuse avec une habitude certaine.
_Alors comment a été votre soirée ? Animée je présume, mais j’espère pour vous que ma chère petite Cassie n’y était en rien mêlée, vous savez dans quelle colère cela pourrai me mettre n’est-ce pas ma chose ?
_Oui, je sais monsieur.
_Alors, dîtes moi tout.
_Une petite altercation avec les zombies de l’Idolâtre, D était un peu trop familière avec votre Dorothée.
Le magicien s’arrêta un instant avec un air fâché.
_Vraiment, et c’est tout ce que vous avez à me dire pour vous justifier !
_Non monsieur, je suis désolé monsieur.
_J’accepte vos excuses mon garçon, quand à D je commence à trouver cette petite bien indisciplinée et un tantinet jalouse si vous voulez savoir.
_Vous avez parfaitement raison monsieur.
Le magicien se redressa et gifla l’arrière de crâne de Harrison.
« Bien sûr que j’ai raison sombre idiot, et je n’ai pas besoin qu’un débile comme vous me le rappelle ! Vous allez vous montrer utile pour une fois et suivre mes instructions au lieu de vous amuser avec tous les malheureux qui vous tombent sous la main, allez voir D et dîtes lui de se tenir tranquille, dîtes lui d’être gentille avec Cassie ou bien je serai très en colère contre elle. »
Harrison fit juste un signe de la tête en regardant le sol, le magicien lui passa la main dans les cheveux affectueusement.
« Voilà, vous êtes un bon garçon ; tout est comme neuf, allez-donc vous changer. »
Harrison se leva et passa la langue le long de ses dents pour s’assurer qu’il n’en manquait plus puis il enleva son t-shirt et s’essuya le visage avec au Lavabo du cabinet, l’eau emportait le sang…Elle emportait le sang mais pas les rêves.