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Le Lion Poltron

L’homme au masque de Hockey n’entendit pas les premiers coups puis il compris à la vibration que quelqu’un frappait à la porte, sûrement Remy.

« Foutue sonnette, elle a encore rendue l’âme pas vrai R? »

Sa phrase s’arrêta suspendue en l’air quand il vit ce qui tapait contre la porte ; un homme avec un rictus sauvage avait utilisé la tête de Rémy comme un bélier, le géant noir pendait mollement comme un pantin désarticulé seulement tenu par le col de son t-shirt…Son cou avait un angle peu naturel ; l’homme laissa glisser sa victime au sol et dégaina un pistolet automatique qu’il pointa sur le visage du second portier.

« Joli masque, il me plaît bien. »

La douleur fut la première sensation qui revînt au portier, attaché fermement dos à dos au cadavre de Remy avec du ruban adhésif il était caché par le tas d’ordures de la ruelle, la douleur qui se propageait à partir de son visage en purée était accompagnée d’une sensation d’humidité et de chaleur ; Harrison referma la fermeture éclair de son jean avec un sourire satisfait.

« Dommage vous faisiez une belle paire tous les deux ; ça va faire quoi maintenant, le troisième videur en deux mois ? Vous n’apprendrez jamais les mecs, bon faut que je vous laisse y a une dame qui m’attend. »

Harrison passa la porte et enfourna les billets de la caisse à l’entrée dans la poche de son blouson avant  d’arracher le rideau qui le séparait de la salle.

Cassandre était paralysée, la femme au visage de fer avait une main posée sur son genou et tentait de la regarder dans les yeux avec insistance, elle avait de moins en moins de volonté pour tenter d’échapper à ce jeu du chat et de la souris. Et comment cette femme connaissait-elle son nom, étais-ce Jacob qui lui avait parlé de Cassie ?

_Relax ma belle, on est entre amis ici ; tu ne risque rien. Après ce que tu as fait à Jacob tu ne vas pas me dire que je t’intimide…Si tu savais comme j’avais hâte de te rencontrer, on ne parle plus que de toi par ici.

_Ce que j’ai fait…à Jacob ?

_Tu as gardé ses yeux ? Fétichiste ? Remarque il avait de beaux yeux, des yeux très désespérés, étrangers comme une sorte de carte postale d’un pays exotique, j’adorais ses yeux.

_C’est pas possible, tu plaisante là ?

_Ben voyons Cassie, tu sais bien qu’il n’y a qu’un seul moyen de s’accaparer le masque de quelqu’un c’est de voler son…

D s’arrêta elle aussi dans sa phrase alors que les mains puissantes de Harrison malaxaient ses trapèzes de façon pesante.

_Mais voyez donc qui nous avons là, miss D, il me semblait t’avoir dit de ne plus traîner dans le coin non ?

_C’était dans une autre vie mon chou, je dirai bien que tu nous as manqué Harrison mais tu le sais je ne suis pas une menteuse ; chouette masque, tu l’as trouvé où ?

_Sur qui plutôt, ton acuponcteur et son copain l’eskimo sont à leur place dans les ordures à l’heure qu’il est. Je t’aime bien D alors en souvenir du bon vieux temps me force pas à te faire du mal et dégage.

_Ok mon chou mais on se reverra, tu peux en être sûr.

_J’y compte bien, n’oublie pas de m’écrire.

Elle abandonna son tabouret à regrets avant de regarder une dernière fois Cassandre et partir, Harrison agrippa sa protégée par le bras et l’entraîna immédiatement vers la sortie ; ils passèrent devant l’entrée dévastée et Cassandre jeta même un regard vers la pile d’ordure mais n’aperçut pas les deux portiers ligotés. La voiture démarra en trombe et Harrison ne quitta pas la route des yeux.

« Qu’est ce que ces tarés vous ont raconté Cassie ? »

Les yeux de Cassandre n’arrêtaient pas de faire la navette entre le masque souriant sur ses genoux et le visage d’Harrison, lequel restait de marbre.

« Qu’est ce que vous avez, perdu votre langue toubib ? »

Elle remua les lèvres sans rien dire puis réessaya, sa voix était un murmure.

« Votre visage, vous êtes couvert de sang. »

Il se regarda un instant dans le rétroviseur central et la remarque lui arracha un sourire féroce.

« Vous inquiétez pas docteur je peux vous assurer que c’est le mien, un des gaziers à la porte avait du punch…Pas assez mais il en avait. »

Accompagnée par le tic tac discret d’un clignotant la voiture glissa sur le côté devant l’immeuble où habitait Cassandre ; elle réalisa seulement quelques minutes après.

_Vous devriez monter que je vous rafistole un peu Harrison, vous êtes pas bien beau à voir.

_C’est pas pire qu’au naturel, non c’est sympa toubib mais vaut mieux pas ; rentrez chez vous et pioncez tout Dimanche, on se voit lundi quand vous aurez fait le point et vous me raconterez ce que j’ai manqué dans le bar.

Elle ouvrit la portière et s’apprêta à sortir, puis elle se ravisa et se retourna vers le chauffeur.

_Essayez au moins de dormir un peu vous aussi, les amphétamines et le café feront pas tenir la machine bien longtemps à ce rythme-là. Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit, d’accord ?

_Promis je ferai gaffe, allez rentrez-chez vous et fermez la lourde à double tour, on sait jamais cette D est une vraie tarée croyez-moi.

Il fit une grimace amicale qui lui arracha un petit grognement de douleur alors qu’elle sortait en refermant la portière précautionneusement, la voiture s’en alla lentement alors que son chauffeur ne quittait pas Cassandre des yeux, s’assurant qu’elle rentrait bien saine et sauve chez-elle. Une fois qu’elle eut disparue du trottoir, Harrison se jeta sur son portable et composa un numéro automatique, la voix froide et chirurgicale lui répondit à la première sonnerie.

_Que voulez-vous ?

_J’ai besoin de vous voir monsieur.

_L’endroit habituel mon ami, je vous y attends.

Page vue 58 fois, créée le 05.09.2007 22h38 par guinch
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